Peinture murale de Dan Manrique Arias.
Photo par Terence Faircloth, CC BY-SA 4.0

 

Article de la Solidarity Economy Association, Royaume-Uni pour le New Internationalist

La Solidarity Economy Association plaide en faveur de la construction de mouvements basés sur la coopération internationale et l’échange de connaissances

Nous vivons une époque de crises multiples. L’urgence climatique menace gravement la survie de l’humanité, exacerbant l’injustice, l’exploitation, la pauvreté et la vulnérabilité. Et la crise mondiale du coût de la vie pousse de plus en plus de personnes dans la précarité. Bien que ces crises soient souvent décrites comme des conséquences nouvelles et contemporaines plutôt que cumulatives de systèmes destructeurs séculaires, celles et ceux qui ont été en première ligne de la marginalisation causée par l’ordre mondial actuel, enraciné dans la colonisation et le capitalisme, ont toujours su, pour citer les zapatistes, que cette maison est en feu depuis de nombreux siècles.

Trouver des solutions et des alternatives à ce système destructeur a donc été une nécessité pour les communautés du monde entier. Des Black Panthers aux États-Unis aux communes paysannes en Espagne, des Zapatistes au Mexique au mouvement mondial Occupy, des travailleurs sans terre au Brésil aux Palestiniens occupés, des habitants des cabanes en Afrique du Sud aux Diggers au Royaume-Uni, du Rojava à Cooperation Jackson au Mississippi, la résistance à la domination coloniale et capitaliste est abondamment répandue. Et ce que ces mouvemens ont tous en commun est leur focalisation sur « l’économie solidaire » en tant que voie cruciale vers l’autonomie et la construction d’un monde plus juste.

L’économie solidaire est un cadre organisateur qui centre la libération collective en répondant à nos besoins matériels de manière coopérative tout en rompant avec la dépendance et la précarité que les systèmes capitalistes créent et maintiennent. Les économies solidaires sont fondées sur des solutions pratiques construites à partir de la base par des communautés particulières pour répondre à leurs besoins spécifiques en termes immédiats, mais aussi en envisageant l’autonomie à long terme. Pour ce faire, elles intègrent trois stratégies communes de changement social : la remise en question des institutions dominantes, la transformation personnelle et la construction d’institutions alternatives. L’interaction et l’équilibre entre ces stratégies sont interprétés différemment dans chaque contexte politique.

Bien que les économies solidaires soient intrinsèquement basées sur le lieu où elles se déploient car elles répondent aux besoins locaux de leurs communautés particulières, elles accordent également de la valeur à la formation de coalitions et à la solidarité internationale fondée sur des principes partagés, notamment la justice sociale, raciale et environnementale, la démocratie, le respect, l’interdépendance et le mutualisme durable. Pour cela, l’échange de connaissances entre des espaces variés est crucial pour développer des bases solides pour le mouvement de l’économie solidaire. Celui-ci permet le partage d’expériences, de défis, mais aussi de stratégies pour y répondre, d’une manière qui ne maintient pas les hiérarchies de connaissances, mais considère plutôt la production de connaissances révolutionnaire comme un processus ascendant et horizontal.

Développer collectivement notre capacité à nous autogouverner et à développer des mouvements d’économie solidaire territorialisée est l’une des questions les plus urgentes de notre époque. Il offre des occasions extraordinaires de changer fondamentalement nos relations avec nous-mêmes, les un•es avec les autres et avec la terre. La Solidarity Economy Association (SEA) a été fondée pour contribuer à cette lignée mondiale et aider les nouvelles institutions à tirer les leçons de celles qui les ont précédées. En tant que petite coopérative basée au Royaume-Uni, notre objectif est de construire une économie solidaire plus forte ici, en établissant des liens plus profonds entre les diverses organisations et groupes qui sont déjà en première ligne de l’entraide et les différentes arènes du travail de justice transformatrice . Afin de soutenir le renforcement de ces fondations, nous menons des projets collaboratifs qui assurent le développement communautaire durable, la démocratie économique, la justice sociale et l’appropriation communautaire. Nous nous concentrons également sur le renforcement des connaissances et de la sensibilisation à ces alternatives, par le biais de collaborations locales, nationales et internationales.

Depuis 2020, nous avons collecté plus de 150 000 £ pour soutenir des projets vitaux dans le nord et l’est de la Syrie grâce à notre campagne Water for Rojava. En 2021, nous avons créé un réseau d’organisateurs•trices à l’échelle du Royaume-Uni (SE-ON) axé sur le soutien et la connexion des organisations de base travaillant en première ligne de la justice pour les migrant•es, des luttes de la classe ouvrière, de l’autonomie des femmes, de la souveraineté foncière et alimentaire et d’autres arènes du travail de justice transformatrice. Nous avons également continué à construire des plateformes dédiées au partage et à la diffusion des ressources. Il s’agit notamment de notre site Web d’entraide et de notre plus récente série de webinaires Conversations avec Gamechangers, avec interprétation en direct en six langues.

Voir dans la section « Les ressources de janvier de socioeco.org », le webinaire sur Mississipi Jackson.