Photo Christine Chaudagne – le Cairn – Coopérative d’habitants à Lyon (4ème)

Longtemps pratiqué par les jeunes, étudiant.e.s ou pas pour des raisons économiques, la colocation a évolué vers les autres segments de la population dans l’ensemble du territoire français. L’habitat partagé, groupé, coopératif, inclusif, participatif est un phénomène apparu dans les années 80 qui remet en cause nos modes de vie individualistes et permet de rompre l’isolement accentué par la modernité.

L’habitat partagé se définit comme la volonté de plusieurs foyers de mutualiser leurs moyens afin de concevoir et/ou financer un logement collectif. C’est un concept qui se base sur la solidarité, le respect de l’environnement, le partage et la mixité sociale.

Alliant besoin d’intimité et nécessité du lien social, le projet collectif d’habitat apparaît comme une solution aux multiples avantages. Il ne s’agit pas seulement de la construction d’un habitat mais aussi celui d’un collectif.Un groupe se crée et décide de vivre ensemble. Tout est à décider; Quels moyens mettre en place pour communiquer ? Comment seront prises les décisions ? Comment gérer et partager les tâches ?. Dans un même lieu se rassemblent des espaces privés et des espaces communs : chambres d’amis, buanderies mutualisées, jardin et terrasse partagés, salle de jeux ou bibliothèque. Les habitants expérimentent donc la vie en groupe tout en respectant le besoin d’intimité de chacun. Des objectifs de bioconstruction, isolation thermique, gestion énergétique et de l’eau peuvent se coupler à des valeurs de consommation responsable, des achats de produits locaux de type amap ou dans des commerces de proximité.

L’ habitat participatif est reconnu par la loi Alur comme « une démarche citoyenne qui permet à des personnes physiques de s’associer afin de participer à la définition et à la conception de leurs logements et des espaces destinés à un usage commun, de construire ou d’acquérir un ou plusieurs immeubles destinés à leur habitation et d’en assurer la gestion ultérieure ».

Au-delà du vivre ensemble, l’enjeu est aussi un enjeu politique, celui des valeurs de solidarité et de remise en question de la propriété privée et la non-spéculation immobilière, mais aussi l’autogestion, le respect de l’environnement, etc. Les coopératives d’habitants ou les community land trust bruxellois en sont des exemples. Une autre vision de l’urbanisation, dans les liens, une forme d’émancipation par le biais de son outil de logement ?

Si ce phénomène touche différentes sortes de populations, il est aussi à remarquer que la colocation représente également une solution pour les populations plus âgées comme le démontre l’article de Bastamag qui présente la première coopérative d’habitants pour personnes vieillissantes en France : Chamarel-les-Barges, dans la banlieue de Lyon, créée en 2019. Dans la métropole bordelaise, pour ne pas être seul(e)s et mutualiser des moyens d’existence, les retraité(e)s créent une maison de retraite sur mesure en cohabitation avec des espaces de vie collectifs et privés, dans le cadre d’un projet immobilier qui ne soit pas spéculatif : la coopérative d’habitants des Boboyaka la Castagne est en cours de construction.

La maison autogérée, participative, écologique et féministe pour femmes âgées de 60 ans et plus : la Maison des Babayagas, inaugurée en 2013 à Montreuil après plus de 15 ans de gestation, est l’un des lieux emblématiques de l’habitat partagé en France. Sur les vingt-cinq logements, vingt et un sont réservés à des femmes de plus de 60 ans, répondant aux critères d’accès aux logements sociaux. Les quatre autres, à des jeunes de moins de 30 ans. Potager collectif, repas mensuels partagés, activités associatives dans le quartier émaillent la vie en collectif.

Par ailleurs, l’habitat inclusif est un lieu de vie, librement choisi, permettant à des personnes en situation de fragilité (liée à l’âge, un handicap, une maladie ou un accident de la vie) de vivre en toute indépendance, tout en bénéficiant de services mutualisés (aide humaine, repas, animation, temps de socialisation).  L’article 45 de la loi Elan (23 novembre 2018) autorise désormais la colocation de personnes en situation de handicap dans le parc social avec un maximum de 5 personnes. L’un des bénéfices de vivre en habitat partagé est la convivialité et la socialisation au sein du domicile, en plus des aides au ménage, services de rééducation, etc.

Même si ces formes d’habitats ont tendance à se multiplier, les difficultés d’ordre juridique (montage des dossiers), financiers, etc sont encore trop nombreuses. Les pouvoirs publics ne sont pas encore suffisamment au rendez-vous. Mais entre utopies et raisons simplement pratiques, l’idée de mettre en commun pour plus d’autonomie à tout âge fait son chemin.

Deux exemples:

Présenté par Christiane Châteauvieux pour la Fédération Habicoop

La coopérative d’habitants est un mode d’habiter qui s’appuie sur les valeurs de solidarité, de démocratie et de responsabilité. Le logement, comme le foncier, sont considérés comme des biens communs dont les habitants prennent soin dans la durée, avec l’idée de transmission, aux générations futures, de logements abordables.

La Fédération française des coopératives d’habitants Habicoop soutient ce modèle de propriété collective pérenne, pour son utilité sociale et pour son caractère non-spéculatif. Habicoop représente les coopératives auprès des pouvoirs publics et collabore avec les groupements ou institutions susceptibles de favoriser la création de coopératives. Entre 2020 et aujourd’hui, les projets de coopératives ont plus que doublé : on est passé de 30 à 65 ! Certainement parce que le logement devient abordable économiquement et que ces initiatives créent des rapports sociaux qui donnent envie !

Plus d’informations :

www.habicoop.fr

info@habicoop.fr

 

Présenté par Laure Carbonnel, habitante du moulinage de Chirols

Le moulinage de Chirols. Un lieu d’expérimentation sociale, artistique, culturelle et écologique

Le moulinage de Chirols est un collectif rassemblé en coopérative et en association pour faire d’une ancienne usine un lieu mêlant de l’habitat (résidence principale et temporaire), de l’activité (ateliers), et des espaces communs partagés (cantine participative, bureaux partagés, salle de spectacle, etc.)

Le collectif partage les valeurs de solidarité, de non-spéculation, et d’écologie. Chaque personne apporte sa vision, ses besoins, pour expérimenter des manières de cohabiter sur le territoire. Cette aventure partagée interroge un autre rapport à l’argent et au travail.

La vie au moulinage est en partie consacrée à l’auto-réhabilitation écologique du lieu qui nous fait œuvrer ensemble et tracer des perspectives nourries d’expériences bien différentes. Chaque résident ou porteur d’activité œuvre dans le même temps à sa propre activité. C’est encore une multitude d’événements festifs et culturels qui nous mettent en mouvement.

Venez nous rencontrer chaque vendredi à 18 h de mai à septembre. Pour se tenir informé sur les chantiers, le projet suivez-nous : https://lemoulinagedechirols.org/ , Facebook, Youtube, ou participer à la campagne de don sur Hello asso .