Article d’Andrea Rodriguez, Ripess Europe
Nous ne sommes pas la première génération de jeunes à devoir expliquer que le monde dans lequel nous vivons nous importe, que nous nous soucions de notre communauté, de notre avenir. Malgré la stigmatisation dont les jeunes font l’objet dans nos sociétés, -accrue pendant la pandémie de COVID 19-, nous ne nous lasserons pas de répéter que nous voulons construire un monde meilleur, que nous voulons être à l’avant-garde pour aider nos aînés à ne pas être sans abri et sans emploi et que nous participerons à tous les mouvements qui défendent nos droits et ceux d’un monde plus juste et plus équitable.
Par conséquent, le groupe de travail des jeunes de RIPESS EUROPE, composé de personnes de différents réseaux, préconise la construction de nouveaux espaces dirigés et conçus par et pour les jeunes, dans lesquels le rôle des nouvelles générations dans la construction de l’avenir est valorisé, en se rapprochant de mouvements tels que l’économie sociale et solidaire.
L’une des lignes stratégiques de ce groupe est de faire connaître la finance éthique et de créer une campagne militante qui puisse revendiquer l’importance du commerce équitable, de la banque éthique, des monnaies locales et, en général, l’idée de canaliser notre argent et notre épargne vers des projets ou des formes de consommation qui mettent la vie et l’environnement au centre.
Elle se base sur l’idée que la finance éthique est très différente de la finance spéculative conventionnelle, du fait qu’elle permet de préserver et d’augmenter la valeur économique de l’épargne dans le temps et d’y ajouter une série de valeurs, comme le respect de l’environnement, la lutte contre le changement climatique, le droit au logement, l’inclusion de personnes et d’organisations traditionnellement exclues des circuits financiers habituels, etc.
Le système économique actuel est responsable de l’accroissement des inégalités et de l’exclusion sociale, et perpétue la pauvreté, la discrimination et l’exploitation, en particulier chez les femmes du Sud. Dans ce scénario, la finance traditionnelle s’engage dans des activités spéculatives et des investissements dans des domaines qui violent les droits humains et la justice sociale et environnementale. En fait, comme le montre la campagne “Banca Armada“, la banque traditionnelle est une grande alliée de l’industrie de l’armement et de l’armée : “Les entreprises d’armement ont besoin de services bancaires, tant pour mener à bien leurs opérations commerciales courantes que pour obtenir les fonds extraordinaires qui leur permettent d’entreprendre le développement de nouvelles armes, d’exporter vers de nouveaux marchés et, en définitive, de maintenir leur force concurrentielle dans un secteur éminemment privé”.
En outre, les banques conventionnelles spéculent sur des biens de base tels que la nourriture, le logement et l’énergie. En revanche, la finance éthique promeut les énergies renouvelables, l’agroécologie, le logement décent, l’éducation et le développement communautaire. En ce sens, on peut dire qu’elles ne financent que des projets d’économie réelle, ceux basés sur des valeurs telles que la transparence, l’entraide, la participation active et démocratique, la coopération, l’égalité… bref, les valeurs de l’Économie Sociale et Solidaire.
D’autre part, le système financier formel exclut de nombreux groupes de l’accès à l’argent, en particulier les femmes, car l’écart salarial et le fait qu’elles occupent des emplois qui ne sont pas reconnus par le modèle économique actuel, font qu’elles ont moins de chances d’avoir accès, par exemple, à un prêt. Sans aucun doute, cela limite leur autonomie économique et leurs droits financiers, excluant les femmes de l’accès à des biens de base comme le logement. De plus, cette discrimination augmente en fonction de la classe sociale, de l’ethnie, de la religion et de l’âge ; les jeunes sont également exclus du système financier traditionnel.
Le groupe de travail des jeunes du RIPESS EU entend la finance éthique comme un outil d’autonomisation et comme un point de départ pour créer des alliances entre différents groupes de jeunes qui veulent agir dans le domaine de la justice économique. En bref, comme un moyen de commencer à construire des alternatives à un modèle économique qui rend les jeunes particulièrement précaires.