Par Nicole Alix, Coop des Communs, France

Hier sujet d’experts, les communs sont de plus en plus cités dans la « transition » écologique et solidaire, désignant pêle-mêle des tiers-lieux, jardins partagés, logiciels libres, encyclopédies en ligne, mutuelles de travail, plateformes numériques, circuits courts…. Des discours politiques divers s’y réfèrent, ainsi que des collectivités publiques. Apprendre à distinguer communs, biens communs, biens publics mondiaux, préciser ce qui en relève, est indispensable à la crédibilité et à la pérennité de l’action. La Coop des Communs s’attache à faire comprendre de quoi on parle quand on utilise le terme de communs et quels sont les facteurs favorisant des communs de solidarité, servant l’intérêt général, la solidarité en même temps que l’émancipation des personnes.

Dans un contexte de perte de confiance dans les institutions, y compris la démocratie représentative, d’explosion des inégalités, de montée des extrémismes et d’individualismes et de courants libertariens, des individus regroupés montrent leurs capabilités à prendre en charge et décider collectivement de ce qui relève du collectif. Les communs ne sont ni des palliatifs des limites du capitalisme, ni de l’Etat providence, ni non plus en eux-mêmes porteurs de démocratie et de justice sociale. Mais ils sont les ferments et instruments d’une citoyenneté refondée, rendus indispensables à l’équilibre de notre vie en société, au moins à l’égal des autres formes de coordination (marché, Etat).

Il faut contribuer à en clarifier les conditions de faisabilité. En tirant partie de l’expérience mutualiste, coopérative et associative, il convient de penser dès aujourd’hui la « connexion » et la coopération entre communs.

Nos travaux se font dans des groupes acteurs/chercheurs. S’appuyant sur des recherches rigoureuses dans la lignée d’Elinor Ostrom, et aussi des chercheurs de l’ESS, ils s’orientent vers une définition, au service de l’action collective, d’une « approche par les communs », se nourrissant d’apports éclairants (notamment ne pas considérer la ressource comme « extérieure » à la communauté, parler d’incomplétudes à combler, de valeur à créer, de communs négatifs à pallier).

La raison d’être de La Coop des communs est de permettre l’émergence et le renforcement des initiatives et courants qui relèvent de cette dynamique des communs, grâce au soutien de la longue et complexe expérience de l’économie sociale et solidaire, dans l’espoir de favoriser la pérennisation du modèle d’organisation sociale, économique et culturelle qu’ils représentent ensemble. Ceci se fait par l’entretien d’une communauté de personnes, décloisonnée, travaillant aux inter-relations entre acteurs et entre acteurs et outils, et de projets et programmes d’action-recherche associant praticiens et chercheurs.

Pour renforcer la capacité des communs à « faire système », l’association œuvre via trois registres d’actions, dans un cadre français nourri de nombreux échanges à l’international :

  • éclairer, théoriser, cartographier
  • entretenir une communauté apprenante décloisonnée, entre communs et ESS
  • appuyer le développement collectif des membres de la communauté, dans des groupes de travail de type « recherche-action ».

Nos réalisations 2017-2019 :

– Protection sociale, ESS et communs, https://coopdescommuns.org/fr/protection-sociale/

– ACTTES- Activer les Communs de Territoires pour la Transition Ecologique et Solidaire : https://coopdescommuns.org/fr/bilan-2019-acctes/

– La banque en communs ? https://coopdescommuns.org/fr/banque-en-communs-point-detape/

Communs et démocratie : https://coopdescommuns.org/fr/communs-et-democratie/

Groupes en action :

  • Plateformes en communs : communauté apprenante de plateformes coopératives en opposition à l’ubérisation de l’économie https://coopdescommuns.org/fr/rapport-plateformes-cooperatives-infrastructures-territoriales-de-cooperation/. Organisation du Forum des plateformes coopératives.
  • Agriculture, alimentation et avenir du monde rural : les communs comme plus-value pour le développement des initiatives dans le monde agricole et rural
  • Communs de services de proximité : les conditions de succès des services « en communs » dans un contexte de transformation du marché et des services publics : santé, alimentation, numérique, espaces publics, fablabs..
  • Coopératives, mutuelles, régies de données : les spécificités que peuvent apporter coopératives, mutuelles et régies de données pour favoriser l’exercice collectif de nos droits sur nos données
  • Communs et comptabilité : travail collectif sur le modèle de comptabilité CARE visant à maintenir un triple capital : financier, humain, environnemental. https://coopdescommuns.org/fr/publication-du-rapport-detape-comptabilite-et-communs-lapport-de-la-methode-care/
  • Gouvernance : soin de la communauté, liens avec les outils de gestion, traduction dans les pratiques.