Article de Jocelyn Parrot, Urgenci
Dans un rapport publié en février 2021, le réseau Nyéléni pour la souveraineté alimentaire en Europe et en Asie centrale et le partenariat pour des stratégies foncières innovantes décrivent comment les politiques foncières peuvent soutenir ou entraver la transition de l’Europe vers l’agroécologie, un élément central dans le mouvement vers des systèmes alimentaires et des sociétés plus durables et plus équitables.
Bien que les objectifs et les buts décrits dans le “Green Deal”, la stratégie “de la ferme à la table” (F2F) et la PAC soient encourageants et ambitieux, la politique foncière – qui contrôle quelles terres, comment elles sont utilisées, pendant combien de temps, à quelles fins et au profit de qui – sera déterminante pour le succès global de ces initiatives.
Comme le souligne le rapport, intitulé “Racines de la résilience” : Land Policy for an Agroecological Transition in Europe, les décideurs politiques doivent intégrer les demandes de longue date des organisations paysannes et de la société civile en matière de politique foncière, ainsi que les recommandations du Parlement européen sur les terres afin de garantir l’accès à la terre pour les petits exploitants et les paysans, de garantir la transparence des transactions foncières et de s’attaquer aux causes systémiques de l’accaparement et de la concentration des terres.
Les paiements de base actuels de la PAC liés à la taille des exploitations agricoles sont un énorme facteur de concentration des terres et encouragent les riches agriculteurs à adopter une stratégie de type “winner-takes-all” qui conduit à des excès dramatiques, notamment dans les nouveaux États membres d’Europe centrale et orientale. Dans le cadre de la réforme de la PAC, ces fonds doivent être réorientés pour donner la priorité aux petites et moyennes exploitations, ainsi qu’aux jeunes agriculteurs et aux nouveaux arrivants, par le plafonnement et les paiements de redistribution. L’organisation commune des marchés doit également être renforcée afin que les agriculteurs soient moins vulnérables aux fluctuations du marché et des prix et puissent gagner leur vie de manière équitable.
Un modèle de souveraineté alimentaire, d’agriculture agroécologique et de gestion des terres doit être intégré dans le Green Deal européen et la stratégie Farm to Fork ( de la Ferme à la Table). Cela implique de s’éloigner de la négociation d’accords de libre-échange qui sont préjudiciables à la planète et aux producteurs d’aliments durables dans le monde entier. Cela nécessite également la mise en œuvre d’outils et de législations au niveau européen, tels qu’un observatoire européen des terres, une directive européenne sur les terres et une task force de haut niveau ou une initiative de dialogue civil permanent pour évaluer l’impact des politiques liées aux terres et pour informer l’élaboration des futures politiques. Cela donnera le ton et encouragera les États membres à développer une politique foncière nationale et régionale qui facilite un accès démocratique et transparent aux terres pour l’agroécologie.
Pour plus d’informations, consultez l’article et la vidéo “Roots of Resilience” du TNI (TransNational Institute).