Article de Josette Combes, Ripess Europe

L’extrême droite poursuit sa progression au sein des exécutifs en Europe. En Finlande, le Parti conservateur gouverne aux côtés du Parti des Finlandais, la ministre n°2 du gouvernement et cheffe de l’extrême droite a dû s’excuser pour ses propos racistes. En Italie, le parti Fratelli d’Italia est ouvertement anti-immigration .En Hongrie le parti Fidesz de Victor Orban est au pouvoir depuis plus de dix ans et a remporté une victoire écrasante aux législatives de 2022. En Pologne, l’ultra-conservateur et anti-LGBT Andrzej Duda a été réélu lors des élections présidentielles de 2020 et à la Diète polonaise (parlement), le parti Droit et justice (PiS) est arrivé au pouvoir en 2015. Aux élections parlementaires de 2019, il a obtenu plus de 43 % des voix. En Suède, le parti des Démocrates suédois, parti très à droite et anti-immigration, est devenu le deuxième plus grand en termes de voix obtenues aux élections législatives de 2022. En France, Marine Le Pen a obtenu 23 % des voix au premier tour et 41,45 % au second tour. Elle n’a perdu que grâce au report de certaines voix de gauche sur Emmanuel Macron. Le Rassemblement national a porté 89 députés à l’Assemblée, du jamais vu, alors que les Républicains (droite « traditionnelle ») n’en a que 61. En Espagne Vox, un parti d’extrême droite espagnol qui n’a cessé d’accroître sa présence depuis sa création en 2013, a remporté la majorité absolue dans 13 municipalités espagnoles à l’issue des dernières élections municipales et autonomes du 28 mai 2023 et a ainsi doublé le nombre de ses représentants dans ces villes. Lors des élections du 25 juin 2023 en Grèce, trois partis d’extrême droite sont entrés au parlement grec. Les Spartiates (Spartiates), réincarnation du groupe Aube dorée dont les dirigeants sont toujours en prison pour appartenance à une organisation criminelle. Avec les partis pro-russe Solution grecque et ultra-orthodoxe Niki (Victoire), l’extrême droite a obtenu plus de 12 % des voix et 34 sièges sur les 300 que compte la Chambre. Cette évolution est préoccupante pour le système politique, notamment en raison de leurs opinions sur des questions telles que l’avortement, l’immigration et les droits des LGBTQ+, et pourrait avoir des répercussions sur la politique grecque.

Dans l’ensemble ces partis partagent une idéologie antidémocratique, autoritaire, raciste et nationaliste tendant à exclure une partie des individus. Leurs discours expriment la nostalgie d’un âge d’or, l’apologie des sociétés élitaires et de la force virile, la peur du métissage, la censure des mœurs et le rejet des intellectuel.les. En Pologne et en Hongrie l’accès des femmes à l’IVG est strictement réglementé, l’homophobie encouragée, le racisme exacerbé. Partout en Europe on assiste à la montée d’une violence institutionnalisée, au retour de la censure, et à la tenue de propos publiques ouvertement racistes et virilistes. Les statistiques montrent que l’extrême droite est soutenue particulièrement par les personnes issues de milieux défavorisés et les hommes plus que les femmes. Ainsi en Suède presque trois fois plus d’hommes que de femmes auraient voté pour les Démocrates Suédois (extrême droite) en 2022. Les partis populistes ont souvent des tendances nationalistes et sont généralement pour un affaiblissement ou même une disparition de l’UE. Ils ont également gagné des sièges au Parlement européen.

Cette montée de l’extrême droite est inquiétante à plus d’un titre. Dans tous les pays elle entraîne une droitisation des partis traditionnels avec une complaisance à l’égard des thèses et des propos auparavant considérés comme irrecevables dans une démocratie et une légitimation de méthodes de gouvernement autoritaires et tendancieuses. Ainsi en France la loi Cazeneuve autorise les policiers à utiliser leur arme en cas de « légitime défense » ce qui rétablit en quelque sorte la peine de mort sans jugement . Le droit de manifester est mis à mal selon le motif et désormais plus souvent lorsque la manifestation a un objectif de résistance aux projets industriels dévastateurs pour la planète. Ainsi on voit apparaître le terme « d’écoterrorisme ». En France, un mouvement les Soulèvements de la terre est pris à partie et dissous, entraînant des poursuites potentielles pour les simples sympathisants. L’expression des satiristes politiques est jugulée. La presse devient de plus en plus détenue par les milliardaires qui peuvent ainsi exercer leur pouvoir politique en imposant ou en censurant des contenus éditoriaux.

Face à cette situation, deux attitudes sont envisageables, la révolte armée prônée par certains mouvements ou le travail des consciences pour un réveil de celles et ceux -la majorité- qui estiment que le désastre est inéluctable. On peut être tenté par la première solution tant le niveau de cynisme des élites devient invraisemblable, les injustices insupportables et enfin et surtout impérative l’urgence de changer les comportements sociaux pour tenter d’endiguer la catastrophe écologique.

Pour celles et ceux qui ne croient pas aux révolutions violentes qui n’ont jamais accouché que de nouvelles dictatures, la seule solution possible est de travailler au changement de comportement des citoyen.nes, qu’ils et elles inventent leur résistance active en créant de nouvelles façons de produire, commercer, échanger et vivre. Une course de vitesse engagée entre les furieux de la suprématie viriliste et les bâtisseurs et bâtisseuses de l’utopie. Il y faudra de la pugnacité et du courage. Mais c’est possible. En tout cas, nous en faisons le pari.

Sources :  https://fr.statista.com/themes/10062/la-montee-de-l-extreme-droite-en-europe/#topicOverview