Article de Josette Combes, RIPESS Europe

Des milliers de partisans de l’ex-président brésilien d’extrême droite Jair Bolsonaro ont envahi, dimanche 8 janvier, le Congrès, la Cour suprême et le palais présidentiel, les principaux lieux de pouvoir à Brasilia. Des images qui rappellent l’invasion du Capitole aux États Unis.

Ces manifestants protestaient contre le retour au pouvoir il y a une semaine du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, qui a battu Bolsonaro au second tour le 30 octobre 2022.

La zone près de la Place des trois pouvoirs, où se côtoient le palais présidentiel du Planalto, la Cour suprême et le Congrès, avait été  bouclée par les autorités, mais les bolsonaristes sont parvenus à rompre les cordons de sécurité.

En déplacement à São Paolo, Lula a dénoncé ces incidents commis par des « fascistes » et des « fanatiques » qui « seront punis avec toute la force de la loi ». Il a décrété une « intervention fédérale » pour reprendre en main la sécurité de la capitale. Des dizaines de manifestants ont été arrêtés.

Lula est ensuite rentré à Brasilia où il est allé constater le saccage du palais présidentiel puis de la Cour suprême.

Jair Bolsonaro, qui a quitté le Brésil pour la Floride 48 heures avant la fin de son mandat, a estimé sur Twitter que « les déprédations et invasions de bâtiments publics (…) sont contraires à la règle » régissant les « manifestations pacifiques ». Dans un autre tweet, Jair Bolsonaro a cependant « rejeté les accusations, sans preuve » de son successeur Lula, qui a déclaré que le « discours » de son prédécesseur d’extrême-droite avait « encouragé » les « vandales fascistes » ayant envahi les lieux de pouvoir de Brasilia.

Quelque 300 émeutiers ont été arrêtés le soir-même. Et lundi matin, au moins 1 200 bolsonaristes qui occupaient un campement au cœur de Brasilia ont été arrêtés à leur tour, lorsque la police militaire et l’armée ont démantelé leur campement.

Installés depuis plus de deux mois, ils réclamaient une intervention militaire pour empêcher l’accession de Lula au pouvoir. Ce campement a fourni le gros des effectifs des assaillants dimanche.

D’autres campements installés à Rio de Janeiro et Sao Paulo (sud-est) ont été démantelés lundi, ont rapporté des journalistes de l’AFP-TV.

Le gouverneur de Brasilia, Ibaneis Rocha, a été suspendu dimanche soir pour 90 jours de ses fonctions par la Cour suprême pour les manquements sécuritaires dans la capitale brésilienne.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a obtenu un vaste soutien de la part du pouvoir politique et judiciaire de son pays.

Lula s’est réuni avec les présidents du Sénat, de la Chambre des députés et de la Cour suprême au palais du Planalto. Ils ont signé une déclaration commune « en défense de la démocratie » publiée sur le compte Twitter du chef d’État de gauche.

La condamnation a également trouvé un écho dans les rues de São Paulo, sur l’emblématique avenue Paulista, où, tard dans la nuit de dimanche à lundi, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées pour « défendre la démocratie » et demander « l’emprisonnement des putschistes ». Des messages pour condamner les incidents et soutenir le président Lula ont afflué d’Amérique latine et du monde entier.

Source France 24, AFP, Reuters.

Pour une analyse en profondeur de ces événements, lire l’article de Boaventura de Sousa Santos (en espagnol) : Brasil: advertencia a la navegación democrática.