Par notre membre Bruno Lasnier, MES France.

Le Mouvement pour l’Économie Solidaire est impliqué depuis 1 an et demi, avec l’APDES Coordinateur (Portugal), Solidarius (Italie), CRIES (Romanie), DOCK (Grèce), Tekchnet (Allemagne) et le RIPESS EU (Europe), sur un projet européen Erasmus + « SSEVET2 » dont l’objectif est de proposer à l’échelle européenne un module de formation des formateurs de l’éducation et de la formation professionnelle pour qu’ils soient en capacité de mieux intégrer l’ESS dans leur parcours de formation.

Pour en savoir plus sur les premières étapes du projet SSE IVET 2, voir :

L’étape suivante consistait à expérimenter ce module pilote au sein de chaque pays participant au projet.

L’objectif consistait à constituer un groupe de stagiaires mélangeant formateurs de l’EFP, formateurs à l’ESS et cadre de l’enseignement en ESS pour expérimenter le module et construire les bases d’une communauté de formateurs de formateurs en capacité à terme de diffuser le module. Ces expérimentations ayant également pour objet de contribuer à l’amélioration du module Pilote.

Dans le cadre de ce projet, le MES a mené au printemps 2020 deux expérimentations du module pilote, une session organisée sur Paris et l’autre sur Toulouse, réunissant une communauté de 11 participants.

Un bilan d’évaluation de l’expérimentation française a été transmis au groupe Européen où un travail de synthèse des différentes expérimentations a été réalisé. Une session d’évaluation collective à l’échelle européenne regroupant un stagiaire de chaque expérimentation est en cours de réalisation ( 9 au 13 novembre 2020) pour tirer les sources d’amélioration du module Européen à partir du vécu des stagiaires.

A l’issue de cette étape le référentiel européen du module de Formation de Formateur sera finalisé et nous pourrons donc passer à la dernière étape du projet la diffusion de ce Module.


Au delà de ce cadre défini par le projet européen, les expérimentations françaises ont fait émerger un projet de recherche-action.

Au cours de ces deux expérimentations, les participant.e.s ont interrogé la notion de compétence spécifique de l’ESS et de l’intérêt de leur transmission dans les formations de l’éducation et de la formation professionnelle. En effet, la notion de compétence spécifique de l’ESS revenait de façon récurrente dans les échanges, pourtant, la littérature scientifique sur ces questions est restreinte.

En parallèle la question de l’articulation entre méthodes pédagogiques et principes et valeurs de l’ESS est, elle aussi, revenue de manière récurrente.
Au cours des expérimentations, nous avons organisé un exercice de confrontation de ce que nous produisions en terme de contenu avec le regard extérieur mais éclairé de deux professeurs d’université, Gilles Caire, Maître de Conférences HDR en Economie, Responsable du Master Professionnel Droit mention AES spécialité « Droit et développement de l’économie sociale et solidaire » et membre du Laboratoire CRIEF à l’Université de Poitiers et Sandrine Rospabe Maître de conférences à l’IUT de Rennes responsable du diplôme universitaire sur l’éducation populaire et la transformation sociale et qui a publié en 2017, avec deux autres universitaires, le livre  » Animation et économie sociale et solidaire  » qui traite des liens entre l’ESS et l’éducation populaire.

Ces confrontations ont mis en évidence l’intérêt de continuer et de partager le travail entamé, dans le cadre des expérimentations, avec un champ plus large de chercheurs et d’acteurs de l’ESS.

Depuis 20 ans les formations spécifiques à l’économie sociale et solidaire se sont multipliées à l’université (Guides formations universitaires, conférences des présidents d’université) comme dans le champ de la formation professionnelle. Elles répondent à un besoin de formation des salariés et bénévoles de ces organisations collectives démocratiques privées à lucrativité limitée et à utilité sociale. Le risque de banalisation et d’isomorphisme a été identifié depuis longtemps. L’émergence d’une culture collective et sa transmission sont des facteurs limitant ces écueils. Identifier les compétences spécifiques et les pratiques pédagogiques qui sont en œuvre pourrait assurer un développement des bonnes pratiques ESS et permettre de les diffuser au delà de l’ESS.

A l’issue des expérimentations, un groupe composé de stagiaires parmi lesquels notamment Florian BARES Chef de projet Éducation et Formation à l’ESS à la CRESS Nouvelle Aquitaine et Amélie Lefebvre-Chombart coordinatrice de la Chair’ESS des Hauts de France et des chercheurs cités ci dessus et de moi même en qualité de formateur s’est constitué sous la coordination du MES et de la CRESS NA autour de l’idée de lancer un projet de recherche-action qui s’insère dans une problématique plus large : « En quoi les modèles socio-économiques de l’ESS font appel à des compétences et des pratiques spécifiques « .

Il s’agirait de questionner les pratiques de formation à l’ESS existantes et les faire dialoguer avec les besoins identifiés par les praticiens de l’ESS pour répondre aux questions suivantes  :

• Quels sont les compétences nécessaires pour que les parties prenantes soient associées au projet. 
• Existe-t -l des compétences spécifiques à l’ESS ? si oui lesquelles ?
• Sinon quelles compétences « clés » sont mises en œuvre dans les organisations de l’ESS ?
• Quelles méthodes sont employées dans la formation spécifique des acteurs de l’ESS ?
• Existe-t-il des bonnes pratiques ? Sont-elles spécifiques à l’ESS ?

Les objectifs généraux de cette recherche-action seraient à la fois d’améliorer les formations ESS pour répondre aux besoins des organisations de l’ESS en donnant des outils et des concepts aux formateurs ESS et de mieux diffuser la culture et les pratiques de l’ESS dans le champ de l’éducation et de la formation.
Un groupe de pilotage élargi est en cours de constitution afin de réfléchir aux suites que pourrait prendre ce projet.

Si cette démarche vous intéresse contactez nous.

bruno.lasnier@le-mes.org

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