Article de Vélorution Esch, Luxembourg
Le transport est responsable d’une part importante des émissions de gaz à effet de serre, principale cause du changement climatique. C’est le cas dans le monde entier, et encore davantage au Grand-Duché de Luxembourg, où la congestion automobile atteint des proportions inédites.
De nombreuses villes européennes ont compris les enjeux écologiques d’aujourd’hui et ceux de la mobilité de demain. en transformant rapidement leur modèle urbain pour donner beaucoup plus d’espace à la mobilité douce et en apaisant le trafic motorisé dans le centre-ville. Amsterdam, Copenhague, Strasbourg, et Paris montrent la voie. Tandis que le Luxembourg, pays conservateur et « autophile », se montre beaucoup plus timide quand il s’agit de favoriser la mobilité douce, malgré sa politique avant-gardiste de transports publics gratuits.
Le Luxembourg détient le triste record du plus grand nombre de voitures par habitant : les causes sont à la fois liées au modèle économique (les voitures de fonction sont devenues la norme), à la culture et à l’influence du lobby automobile.
Pourtant, l’insolente réussite économique du Paradis fiscal ne lui permet pas de s’affranchir des lois de la physique. L’afflux quotidien de quelque 200 000 travailleur.euses, frontaliers engendre des bouchons considérables chaque matin et chaque soir, avec son lot de nuisances pour la santé, la sécurité et le climat. La domination de la voiture n’est tout simplement pas tenable et les politiques visant à favoriser d’autres modes de déplacement sont encore beaucoup trop timides.
Localement à Esch-sur-Alzette, seconde ville du Luxembourg avec 36 000 habitant.e.s, la résistance s’organise en s’inspirant du mouvement Critical Mass. Mouvement cycliste qui a commencé dans les années 1990 à San Francisco, aux États-Unis, et qui s’est répandu dans le monde entier. Il s’agit d’un rassemblement informel de cyclistes qui se réunissent une fois par mois pour promouvoir l’utilisation du vélo comme moyen de transport urbain durable et de sensibiliser le public et les politiques aux problèmes liés à la circulation automobile, tels que la pollution, la congestion et les accidents de la route.
Ainsi, il y a quelques années, la Vélorution Esch est née de cette action collective avec pour but de montrer que les cyclistes ont aussi leur place sur les routes et qu’ils ont besoin d’être considérés comme des usagers légitimes. Mais surtout, de repenser aux espaces de la ville, à l’urbanisme, et aux villes de demain. De plus, d’autres associations pro-vélo se sont développées et ont commencer à se fédérer pour réclamer davantage de place pour les cyclistes.
Ces initiatives ont réussi en quelques années à rassembler à plusieurs reprises des centaines de cyclistes. Ces mobilisations ont démontré qu’une grande partie de la population est prête en s’engager pleinement vers une mobilité durable. Un sondage récent de la population de Luxembourg-ville l’a confirmé très clairement : la majorité des citoyens sont prêt à se passer de leur voiture à condition que les infrastructures et les transports en commun le leur permettent.
La balle est donc dans le camp politique qui devrait enfin prendre la mesure des enjeux climatiques et sociétaux pour construire des villes cyclables et accueillantes au lieu de laisser les voitures et les promoteurs immobiliers régner en maîtres.
Dans les rues d’Esch, de plus en plus de personnes prennent le vélo pour aller au travail, faire les courses ou déposer les enfants à l’école. Nombreus.e.s sont les participant.e.s à rejoindre chaque mois la Vélorution Esch et les autres Vélorutions dans le pays. En ce moment, les « vélorutionnaires » eschois préparent leur 10éme édition, inspirée de l’univers de Jules Verne, pour évoquer des environnements plus naturels, des machines fonctionnant avec moins d’énergies fossiles, et surtout de l’imagination afin de rendre nos villes plus respirables, plus accueillantes et plus sûres pour les piétons et les cyclistes. Changer la ville pour changer la vie.