Le 4 juillet 2019, à Lyon (France), le RIPESS Europe a organisé, avec le soutien de la Ville de Lyon, une table ronde sur le thème  » Villes et ESS : des politiques concrètes pour transformer l’économie « . En préparation du FSMET (Forum Social Mondial des Economies Transformatrices) 2020 qui se tiendra à Barcelone, elle a marqué le début de l’Assemblée Générale du RIPESS Europe qui s’est tenue du 4 au 6 juillet dans cette même ville. Comme les pouvoirs publics jouent un rôle clé pour définir les politiques impactant les communautés à différents niveaux (logement, tourisme, santé, finance…), cela a été l’occasion de mettre en avant les grandes politiques pratiques, translocales, ouvertes et participatives qui transforment l’économie.

Cet événement de trois sessions a rassemblé des membres et partenaires du RIPESS Europe, des décideurs politiques et des acteurs locaux qui ont partagé leur expérience. Le premier panel sur  » Transformer les villes par les pratiques et les politiques publiques d’ESS  » animé par Jason Nardi, délégué général du RIPESS Europe, était composé de Dounia Besson, adjointe au maire de Lyon et représentante du RTES (Réseau des collectivités Territoriales pour une Economie Solidaire), Jeanine Verna, directrice du Centre de formation professionnelle Arobase et Julie Maisonhaute du Commerce Equitable France (Mouvement du commerce équitable).

Pour Dounia Besson, la force de l’ESS est déterminée par son ancrage territorial et il est plus qu’essentiel de placer les  » habitants au centre de toutes les préoccupations concernant les initiatives d’ESS devant les actionnaires « . C’est dans la dynamique de valorisation et de renforcement des initiatives ESS que le label LVED (Lyon ville équitable et durable) a notamment été mis en place. En matière de protection de l’environnement, de santé, de participation citoyenne, d’éducation, de développement culturel, l’organisation LVED ESS de Lyon joue un rôle actif dans la transformation des pratiques économiques et la construction d’une société humaine.

Jeanine Verna est convaincue du fait que la durabilité des actions d’ESS repose sur une introduction des valeurs et principes de l’ESS dans la formation professionnelle. Le centre de formation professionnelle Arobase, créé il y a 30 ans, a formé plus de 2000 professionnels de l’ESS et a favorisé la convergence des différentes branches de l’ESS, en partenariat avec le réseau XES Catalogne et le réseau REVES (Réseau Européen des Villes et Régions de l’Economie Sociale), à travers un projet européen récent. La formation des acteurs locaux de l’ESS constitue donc une ressource essentielle qui doit être démocratisée et soutenue par les collectivités territoriales.

La production et la consommation durables ont été au cœur des mouvements du commerce équitable et sont aujourd’hui plus nécessaires que jamais. Julie Maisonhaute présente une vision optimiste d’une société moderne réunissant des citoyens, des organisations de la société civile, des entreprises, des collectivités locales avec un objectif commun d’intégration des pratiques de commerce équitable. Commerce Équitable France a pour mission principale de transformer les modes de consommation, de promouvoir des compétences solides en matière de commerce équitable, de promouvoir l’égalité dans les politiques publiques et d’aider à structurer le secteur du commerce équitable. C’est pourquoi une alliance forte avec les autorités locales est indispensable, et c’est ce que promeut le réseau Fair Trade Towns.

Josette Combes du MES (Mouvement pour l’Economie Solidaire) a animé la deuxième session sur le thème « Mouvements citoyens – villes transformatrices« , avec Melissa Koutouzis du Transnational Institute (TNI) et Geneviève Brichet du Mouvement Utopia, oratrices invitées.

Transformative Cities Initiatives (Initiatives des Villes Transformatrices) lancé par le TNI, explique Melissa Koutouzis, cherche à apprendre de l’expertise des villes et des collectifs qui travaillent sur l’accès à l’eau, à la nourriture, à l’énergie et au logement. Ces droits humains fondamentaux sont menacés par la crise climatique actuelle et nos structures politiques et économiques de plus en plus dysfonctionnelles, elles-mêmes soutenues par les États, les institutions internationales et les sociétés transnationales. « Renforcer les initiatives locales peut induire un changement radical au niveau mondial « , déclare Melissa. C’est pourquoi TNI, en partenariat avec plusieurs autres réseaux dont le RIPESS, fait la promotion du Transformative Cities Award (Prix des Villes Transformatrices) et de l’Atlas of Utopias (Atlas des Utopies) qui présente des histoires de communautés inspirantes qui remettent en question le pouvoir enraciné et développent des alternatives audacieuses. Il peut s’agir de mouvements populaires au Zimbabwe, en Palestine ou de villes internationales comme Paris ou Barcelone qui ont vaincu des grands groupes transnationaux et des gouvernements nationaux hostiles pour trouver des solutions démocratiques et axées sur la population en matière d’accès aux droits humains fondamentaux.

En mettant en place un espace de dialogue entre les élus et les citoyens, la participation citoyenne est renforcée pour induire un changement endogène au niveau de la société. C’est l’essence même du Pacte pour la Transition Citoyenne qui est, comme l’explique Geneviève Brichet, un outil de promotion et d’organisation de la participation citoyenne pour permettre le changement dans toutes les communes, en favorisant le dialogue entre citoyens et élus dans le cadre des campagnes pour les élections municipales de 2020 en France. Le Pacte pour la Transition Citoyenne est à la fois : une liste de 3 principes et 32 mesures concrètes et applicables en faveur de la transition écologique, solidaire et démocratique ; le soutien du réseau de transition, à travers 50 organisations partenaires (Emmaüs, Greenpeace, Enercoop, France Nature Environnement, etc) ; une plateforme numérique pour connecter, former et accompagner les participants.

Enfin, la dernière session sur « La convergence entre les initiatives pour transformer l’économie et pour libérer l’Humanité  » animée par Drazen Simlesa, coordinateur du RIPESS Europe, avait dans son panel Elisabeth Voss de NETZ für Selbstverwaltung und Selbstorganisation (Allemagne), Iris Avinoa du comité organisateur du FSMET 2020 à Barcelone, Jean Roussiaud de APRES-GE et Geneviève Ancel, coordinatrice du Dialogue en humanité.

En Allemagne, malgré la pluralité des mouvements d’ESS, il est difficile de fédérer ces acteurs avec un espace de concertation pour une action commune. Ainsi,  » en soutenant les initiatives de terrain et l’économie solidaire, NETZ contribue à mettre en place un réseau d’acteurs différents pour s’engager collectivement « , explique Elisabeth Voss. A cet égard, des questions telles que le changement climatique et l’avenir du travail doivent être abordées avec un aspect durable, tenant compte des générations futures.

Le Forum Social Mondial des Economies Transformatrices, qui se tiendra à Barcelone en 2020, est un autre moyen de convergence entre les initiatives visant à transformer l’économie. Des acteurs du monde entier auront l’occasion de se rencontrer et de partager leur expérience des grandes pratiques transformatrices de l’économie avec des approches diverses. Iris Avinoa a pu donner un aperçu de la préparation de ce forum et du processus qui le sous-tend.

Jean Rossiaud a présenté l’initiative Jai Jagat menée par Rajagopal (que certains appellent le nouveau Gandhi) du Mouvement Ekta Parishad en Inde. A partir du 2 octobre 2019, il s’agira d’une marche de 10 000 km à partir du lieu de repos de Gandhi à New Delhi, traversant 15 pays (Pakistan, Iran, Azerbaïdjan, Arménie, Géorgie, Bulgarie, Serbie, Macédoine du Nord, Kosovo, Albanie, Montenegro, Bosnie Herzégovine, Croatie, Italie et Suisse) et promouvant la perspective du mouvement économique non-violent.

Geneviève Ancel a conclu par une présentation des Dialogues en Humanité, un événement international où des personnes d’origine, de culture et de conviction différentes se rencontrent pour discuter de la pratique de la construction communautaire. Le thème de cette année était « Parlons demain autour de 3 thèmes majeurs » : « Tous responsables des droits de chacun », « Demain, tous nomades, demain, tous migrants » et « Inventer demain en questionnant les récits qui façonnent nos vies », qui se sont également déroulé à Lyon du 5 au 7 juillet 2019.