Par Josette Combes et Bruno Lasnier
Pendant 5 jours, du 23 au 28 août, à Grenoble, plus de 2200 participant·e·s ont participé à des dizaines d’activités, avec entre autres : 64 ateliers, 33 modules, 11 forums. et près de 300 organisations mobilisées. Attac et le Crid ont souhaité réunir leurs efforts financiers et organisationnels plutôt que de juxtaposer deux événements qui rassemblent souvent des militants engagés dans des luttes communes sous le bel intitulé de l’Université d’été 2018, “solidaire et rebelle, des mouvements sociaux et citoyens”
Selon l’un des organisateurs les trois objectifs fondamentaux étaient les suivants : “la formation de militant·e·s et de nouveaux publics ; la convergence des mouvements ; défendre et valoriser des alternatives concrètes ».
Le RIPESS et le MES participent depuis quelques années à ces temps de convergence et ont d’ailleurs été à l’initiative de modules dans ce sens (Paris 2015, Besançon 2016, Toulouse 2017). Cette année, deux ateliers nous ont mobilisés : vendredi 24, matinée “Economie et droits humains” (voir l’interview de Bruno Lasnier (MES) et de Laura Aufrère (RIPESS Europe) réalisée par TV bruits.) L’après-midi, dans l’atelier “Initiatives citoyennes, intérêt général et communs” on a souligné que ces termes demandent à être précisément définis dans leur contexte de réalisation. Le MES a présenté le rôle de l’économie solidaire comme espace de mobilisation propice à conjuguer les trois dimensions et chaque contributeur a détaillé de quelle façon les communs et l’initiative citoyenne étaient au cœur de leurs objectifs (Attac, CAC, le collectif “Pas sans nous). Ces ateliers ont rassemblé plus de 40 personnes et donné lieu à des débats riches et enflammés.
Jeudi 23, parmi les modules organisés sur la journée, nous avons pu participer partiellement au module : « Les communs : partager contribuer et s’organiser » qui, à partir des initiatives de Grenoble, Lyon, St Étienne et Lille, mais aussi de plusieurs initiatives européennes, a permis de dresser un état des lieux de la structuration d’actions citoyennes autours des communs : récupération d’espaces vacants, développement de monnaies locales, jardins partagés, re-municipalisation de l’eau, aménagements d’espaces publics,… Ces actions posent la question : quelle structuration autour des communs ? Comment monter des assemblées des communs, avec quelle gouvernance et pour quelles missions ? comment construire des espaces ressources (chartes des communs, plateformes, cartographies, modèles d’autogestion…) et de mise en lien de toutes les initiatives qui s’inscrivent dans les communs ? Quelles articulations avec les réseaux de l’ESS et de la transition écologique déjà structurés sur les territoires? Autant de questions qui ont pu être débattues tout au long de la journée. Plusieurs mouvements des communs ont organisé un “COMMONS CAMP” durant les cinq jours de l’université pour que les contributeurs/trices aux communs se rencontrent, échangent, et continuent à renforcer les alternatives dans nos territoires. Plus d’infos ici
Le Forum “Quand les féministes font bouger les lignes” a réuni une large assemblée dans un amphi plein à craquer et pas seulement de femmes.
Florencia Partenio (DAWN, Argentine) a décrit le combat des femmes argentines pour le droit à l’avortement dont la loi vient d’être retoquée par le Sénat argentin. Itzel Gonzales(Red Mesa de mujeres de Ciudad Juarez, Mexique) a décrit la situation épouvantable des femmes des usines situées à la frontière mexicano-américaine qui sont exploitées, battues, violées, tuées dans l’impunité totale et le combat de son organisation pour rendre ces crimes passibles de sanctions. Louiza Belhamici et Fatima Ouassak (réseau Classe race genre) ont abordé le thème de l’intersectionnalité et animées d’une franche colère ont parlé de leur combat de mères de l’immigration contre les discriminations que subissent leurs enfants à l’école et le mépris affiché à l’égard de leurs valeurs, le carcan de l’enfermement dans le communautarisme dès qu’elles se réunissent, bref, l’ensemble des conduites discriminantes qui sont légions sur le territoire français (et ailleurs bien sûr). La dernière oratrice Assumpta Barbens (Syndicat IAC, Catalogne) a soulevé un enthousiasme débridé en racontant avec beaucoup d’humour le succès de la grève des femmes en Espagne et leur mobilisation face à l’iniquité du jugement de Pampelune. “Nous ne laisserons plus rien passer ! La révolution sera féministe ou ne sera pas !”. Ces mots de conclusion ont déclenché une ovation de toute la salle.
Samedi l’atelier “Acteurs et actrices de solidarité locale et de solidarité internationale : comment travailler ensemble pour sensibiliser et mobiliser plus largement ” organisé par le festival des solidarités a rassemblé une large panoplie d’organisations qui ont tenté de trouver des réponses aux questions soulevées par la thématique même : comment sortir de l’entre soi, échapper à l’agrégation de personnes toutes issues de classe moyenne, blanches pour organiser des solidarités plus larges et toucher des publics moins organisés mais désireux d’agir. (voir ici l’article d’ATD Quart Monde )
J’ai fait circuler l’information adossée au flyer annonçant le Forum des économies transformatrices d’avril à Barcelone dont la perspective a séduit la plupart des personnes présentes.
Le temps clément a favorisé les déambulations dans la ville qui avaient été organisées hors les murs et la fête organisée par Alternatiba qui accueillait le Tour dont Grenoble était une des étapes avant son arrivée le 6 octobre à Bayonne.
Plusieurs médias indépendants étaient présents (Politis, Reporterre, Basta, Le Média, Médiapart, Silence, Alternatives économiques, Sans transition! Le Ravi, le Postillon Grenet ). Radio Campus a réalisé des émissions en direct pendant toute l’université ainsi que TV Bruits dont on peut voir une vidéo “résumé”( Vidéo de TV Bruits ).
Une Université qui donnait de l’énergie et où on a pu noter l’absence de politiques à l’exception d’Eric Piole, maire de Grenoble et alors que le municipalisme faisait l’objet d’un module très fréquenté.
Au final on repart en regrettant de n’avoir pu assister qu’à une portion congrue de toutes ces propositions de réflexion et de débats mais persuadés que les mobilisations se rassemblent de mieux en mieux pour transformer l’imaginaire économique et social qui est si toxique en l’état alors que décidément un autre monde est possible Voir sur le site d’Attac