Article du El Salto Diario, 1er mai 2021, par Guillem Subiracha.

Comme les féminismes nous l’ont appris, ce qui n’est pas vu ne semble pas exister. C’est pourquoi, cette année, l’Économie Sociale et Solidaire veut mettre l’accent de la Campagne d’Audit et de Bilan Social sur la valeur même de disposer d’un outil qui nous permet de rendre visible et de montrer ce que nous sommes. Comment montrer autrement les bénéfices de ce modèle économique social, durable et solidaire ? Comment parvenir autrement à un dialogue avec les Administrations Publiques, en fonction de nos contributions au bien commun ? Quelle garantie avons-nous pour ceux et celles qui parient sur une consommation responsable et critique dans l’Économie Sociale et Solidaire ?

Afin d’avoir une image collective des contributions de l’économie solidaire, nous devons disposer de données et les mettre en commun, seule façon de montrer le modèle économique alternatif que nous façonnons ensemble. Il s’agit également d’une pratique essentielle pour la visibilité du marché social (Mercado Social) ainsi que d’un outil clé pour obtenir la reconnaissance des administrations et de la citoyenneté. D’autre part, les rapports individuels proposés aux entités leur sont d’une grande utilité, tant pour leur auto-évaluation et leur amélioration continue qu’au niveau des certifications et de la communication externe de leurs pratiques et valeurs.

Grâce à cette pratique d’auto-analyse, nous avons pu connaître l’année dernière les impacts de covid-19, nous avons pu savoir que 69% des entités de l’ESS ont dû adapter leur activité au contexte d’impossibilité de sortir de chez elles ou, dans certains cas, même l’arrêter en raison de l’impossibilité de le faire dans ce contexte. Heureusement, face à ce scénario pandémique, « le soutien émotionnel au sein des équipes et la socialisation des situations personnelles ont été des éléments clés pour accompagner la situation difficile causée par le confinement à domicile. L’importance du partage des émotions dans l’environnement de travail a été mise en avant, afin de générer des environnements de travail basés sur l’attention et l’empathie. Une contribution essentielle de la perspective féministe à la culture organisationnelle », comme l’indique le rapport d’analyse d’impact covid-19 de la campagne Social Audit/Balance 2020 (en espagnol).

(…) nous continuerons à accorder une attention prioritaire à l’obtention de données qui nous permettront d’analyser nos pratiques dans une perspective de genre, comme nous le faisons depuis trois ans.

L’intériorisation de cette perspective féministe nous a probablement guidées dans la conception de la campagne de cette année, où nous avons emprunté la métaphore de l’iceberg de l’économie féministe pour rappeler, comme nous l’avons souligné au début, que nous courons le risque d’être submergées dans les eaux du capitalisme et de ses outils de propagation si nous ne sommes pas capables de nous rendre visibles et de remonter à la surface. Pour cette raison, nous mettons à la disposition de toute entreprise ayant la volonté de se transformer, cette application gratuite avec près d’une décennie d’expérience, pour mesurer nos pratiques et transmettre, dans un exercice de transparence inégalée, les nombreuses contributions en termes d’égalité des sexes, de promotion du travail décent, de durabilité environnementale, d’engagement envers le bien commun et d’engagement envers l’environnement qu’ont nos entreprises de l’économie sociale et solidaire.

Ainsi, depuis le Réseau des Réseaux REAS, nous invitons les entités de l’Economie Sociale et Solidaire (partenaires et non partenaires) à réaliser un Audit Social / Bilan Social et à se joindre à cet exercice de transparence et d’auto-évaluation qui nous permet de nous rendre visibles et de nous différencier de l’économie capitaliste. Montrez-nous votre cœur ? #MuESStrateMuéstranos !