Par Luciane Lucas Dos Santos, REDPES, Portugal
RIPESS Europe sera au cœur d’un projet de recherche récemment approuvé par la FCT (Fondation portugaise pour la science et la technologie). Il s’agit d’un projet présidé par Ana Margarida Esteves (ISCTE-IUL, avec Maria Fernandes-Jesus comme co-chercheuse principale), qui sera l’intervenante le 23 mars prochain lors du troisième séminaire de la série d’ateliers RedPES-RIPESS sur l’économie solidaire. Je serai la coordinatrice du partenaire institutionnel pour le Centre d’études sociales de l’Université de Coimbra.
Période : Du 2 février 2021 au 31 janvier 2024
Durée : 36 mois
Référence du projet : PTDC/SOC-SOC/2061/2020
Chercheuse principal : Ana Margarida Esteves
Les institutions de recherche : ISCTE-IUL (institution de coordination), CES-UC (institution partenaire)
Résumé :
La production industrielle de masse et les chaînes d’approvisionnement mondialisées comportent de nombreux défis et risques. Le changement climatique, la rareté des ressources, l’instabilité financière, la polarisation économique et politique croissante et les menaces qui en découlent pour les moyens de subsistance des populations nécessitent des solutions multidimensionnelles basées sur des systèmes qui favorisent la résilience à partir de la base. Ces solutions doivent s’attaquer à la cause profonde de ces problèmes : un paradigme de développement qui réduit le bien-être à des critères quantitatifs, en sous-estimant l’importance des relations sociales et écologiques.
Les approches régénératives du développement traitent les processus naturels et humains comme étant intrinsèquement liés. Elles vont au-delà de la durabilité pour englober la résilience socio-écologique, comprise comme la capacité à s’adapter, à se transformer et à rester cohérent face aux pressions extérieures. Les approches régénératives du développement cherchent à arrêter et à inverser la dégradation écologique et la perte des compétences culturelles nécessaires pour vivre en harmonie avec les environnements locaux, permettant aux gens de former des relations synergiques entre eux et avec la nature.
EuroREGEN est un projet financé par le FCT et présidé par ISCTE-IUL (Ana Margarida Esteves en tant que Chercheuse prinicpale; Maria Fernandes-Jesus en tant que co-chercheuse principale), avec le CES comme institution partenaire (Luciane Lucas dos Santos en tant que Coordinatrice du partenaire institutionnel pour le CES). Ce projet entreprendra une analyse comparative de la manière dont les réseaux transnationaux d’initiatives autonomes travaillant à l’échelle de la communauté locale (initiatives communautaires ou CLI) en Europe se mobilisent à l’intérieur et au-delà des frontières nationales et engagent les institutions publiques afin de promouvoir des environnements institutionnels favorables au développement régénératif.
Ce projet a deux objectifs :
1) comparer et contraster les approches de formulation des demandes des membres, de création de coalitions et de défense des politiques par les centres européens des trois principaux réseaux qui promeuvent une approche régénérative du développement : Global Ecovillage Network (GEN), Transition Network (TN) et le Réseau intercontinental pour la promotion de l’économie sociale et solidaire (RIPESS) ;
2) comprendre comment les résultats de ces processus sont transposés aux CLI membres.
La sélection des études de cas a été basée sur une comparaison des axes stratégiques de ces réseaux. GEN et TN encouragent les approches biorégionales de transition régénératrice, en alignant les activités humaines sur les limites écologiques en rendant les activités productives sensibles aux limites des ressources et enrichissantes sur le plan écologique. Pour ce faire, ils appliquent la conception de la permaculture : relocalisation de la production et de la consommation et promotion des économies circulaires. Les deux réseaux ont fait leurs preuves dans la promotion de la diffusion horizontale des connaissances, des technologies et des meilleures pratiques parmi leurs membres et dans l’engagement des acteurs politiques à tous les niveaux, du niveau local au niveau européen. Les membres de GEN en Europe sont principalement des communautés intentionnelles, tandis que ceux de TN sont principalement des communautés de lieu préexistantes (quartiers urbains, périurbains et ruraux) qui engagent les municipalités dans des plans communautaires pour une transition durable. Le RIPESS encourage la démocratie économique, la régénération écologique et la résilience territoriale en favorisant la pratique et la reconnaissance institutionnelle de l’auto-organisation économique fondée sur les biens communs et le coopérativisme. Il encourage la diffusion horizontale des connaissances et des meilleures pratiques par le biais de groupes de travail virtuels et de réunions physiques qui visent à établir des cadres d’action communs. GEN et TN sont (depuis 2014) membres fondateurs du réseau européen pour les initiatives communautaires sur le changement climatique et la durabilité (ECOLISE), qui fournit une plateforme commune pour la mise en réseau, la collaboration, la recherche, l’apprentissage et la défense des politiques. Le RIPESS collabore avec ECOLISE depuis 2018.
Ce projet permettra de recueillir des données par le biais de : recherches d’archives et analyse de documents, entretiens avec des acteurs clés, enquêtes à l’échelle du réseau, observation des participant.es aux réunions et événements, et recherche d’études de cas sur les initiatives locales-régionales dans trois pays. Il vise à développer une théorie des processus politiques dans le domaine du développement régénératif et à établir un pont entre le monde universitaire, la pratique et l’élaboration des politiques par le biais de méthodes de recherche participative et de résultats ciblant de multiples publics.
Mots clés : développement régénératif ; biorégionalisme ; économie solidaire ; initiatives communautaires
Entité de financement : FCT