Edito de Josette Combes, Ripess Europe

C’est l’été. Nous allons donc prendre des vacances et ce bulletin est celui de juillet/août.

En septembre, nous serons à Wroclaw pour notre AG annuelle. Vous trouverez toutes les informations ici. Inscrivez-vous, n’attendez plus !

A cette occasion, nous avons demandé à nos amis membres de nous donner quelques nouvelles de Pologne. (Nous souhaitons solliciter ceux et celles qui seraient prêts à nous envoyer un dossier sur leur pays).

Allons à la rencontre des jeunes Polonais mobilisés pour protester contre l’inertie des gouvernants face au changement climatique. Ils insistent sur le fait que justice climatique et justice sociale vont de pair et affirment que le système néolibéral va à l’encontre de leurs valeurs qui sont « le bien-être des autres et de l’environnement, et non la recherche impitoyable du profit », d’où l’importance d’alternatives qui rendent cela possible.

Un article intéressant de Justyna Zwolinska dresse un historique de l’agriculture en Pologne de l’époque de la partition par trois pays envahisseurs, puis de l’inféodation socialiste à l’actuelle agriculture productiviste mais les méthodes agricoles évoluent, même si lentement et il y a de l’espoir.

Les ravages produits par la privatisation de l’école sont à craindre, en Pologne, comme ailleurs, menaçant la cohésion sociale en permettant aux plus riches d’échapper à l’enseignement de plus en plus médiocre de l’école publique désertée par les enseignant.e.s pour cause de paupérisation du métier. Résister à ce désastre est un défi civilisationnel selon son auteur Borys Bińkowski.

Quant à la souveraineté alimentaire, considérée comme une urgence par tous les acteurs de l’ESS, on est encore loin du compte : qu’elle puisse être mise en œuvre universellement, ou qu’elle reste, comme c’est le cas aujourd’hui, le slogan des enthousiastes et des visionnaires, dépend d’institutions publiques fortes, de la confiance du public et de la coopération de différents types d’acteurs et actrices. C’est un constat établi à la suite d’une recherche menée par Ruta Śpiewak. Or, que ce soit en Pologne ou ailleurs, ce soutien des politiques publiques est insuffisant sinon absent. C’est pourtant une des clés pour lutter contre les catastrophes potentielles d’une planète en danger.

Pour conclure le dossier polonais, Agnieszka Bińskowska nous livre sa perception de ce que représente l’ESS en Pologne : relativement peu connue. Elle l’illustre par l’exemple des consommateurs et consommatrices du commerce équitable pour qui leur acte d’achat n’est pas relié à la situation des producteurs du Sud, mais aux bénéfices qu’ils attendent d’un bien de meilleure qualité.

D’autant, dit-elle, que dans le contexte actuel « vous êtes plus susceptible d’accueillir une famille d’Ukraine que de vous assurer qu’une famille guatémaltèque produisant du café ait quelque chose pour vivre. » On ne peut hélas que reconnaître en effet une telle échelle des priorités.

De réfugiés à réfugiés, le sort n’est pas le même. Tandis que les familles ukrainiennes sont accueillies « normalement », c’est à dire avec compassion et solidarité, les Migrants du Sud sont repoussés de la façon la plus barbare.

37 morts aux frontières européennes : L’accord Espagne-Maroc sur l’immigration tue !

Nous relayons l’article et la campagne d’Attac / CADTM Maroc sur les événements du 24 juin 2022 « tragique symbole des politiques européennes d’externalisation des frontières de l’Union européenne (UE), avec la complicité d’un pays du Sud, le Maroc ». Morts et blessés de jeunes gens qui essaient désespérément d’échapper à leur misère, celle qu’ils fuient et celle qui leur est infligée par les conditions qui leur sont faites par les autorités espagnoles et marocaines. Nous nous associons à la protestation émise par les organisations signataires.

Pour compenser ce sombre tableau regardons du côté de la force montante des jeunes Africain.e.s qui se mobilisent pour lutter contre le réchauffement climatique. L’Afrique est le continent qui tout en étant le moins responsable des dégâts climatiques en subit les impacts les plus graves. Voir le détail de ce qu’ils entreprennent dans l’article que nous reprenons de la publication du PNUD. Soulignons la déclaration de Nisreen Elsaim, militante soudanaise pour le climat et présidente du groupe consultatif de la jeunesse du Secrétaire général des Nations unies sur le changement climatique. « Si le système ne fonctionne pas pour nous, nous changerons le système ».

Les jeunes se préoccupent également de finance éthique. Voir le projet en cours auquel le RIPESS Europe participe. D’autres jeunes affirment haut et fort que l’économie solidaire est la réponse aux défis qu’ils et elles affrontent et organisent un colloque pour en débattre en rappelant que l’année 2022 a été déclarée l’année de la jeunesse.

Les femmes s’organisent pour mieux vivre sur les lieux de travail et réhabiliter le soin comme élément essentiel de l’ordre social.

Au moment où j’écris cet édito, la canicule sévit dans le pays et particulièrement dans le Sud-Ouest de la France où j’habite. Des milliers d’hectares flambent partout en Europe du Sud au Portugal, en Croatie, en France. Même le Royaume uni est en alerte rouge. Chaque année des milliers d’hectares disparaissent ainsi sur la planète. Autant de puits de carbone partis en fumée et autant de CO2 émis.

Quand donc nos ploutocrates vont-ils cesser leurs entreprises destructrices et laisser faire toutes celles et ceux qui souhaitent prendre soin de ce miracle qu’est notre petite boule bleue.

Bon été, restez à l’ombre et quand vous le pourrez, plantez des arbres !