Article par Jason Nardi

Le Conseil européen n’a pas réussi à trouver un consensus pour faire avancer la #NatureRestorationLaw

À côté du réchauffement climatique (alias «dérèglement climatique »), la perte de biodiversité fait partie de la crise écologique globale qui est une conséquence de la destruction attisée par le système économique financiarisé axé sur le profit et la croissance. La biodiversité européenne est dans un état alarmant : plus de 80 % de nos habitats sont en mauvais état, et seulement 23 % des espèces suivies dans le cadre des directives européennes sur la nature sont en bonne santé. Le déclin de la biodiversité européenne a atteint un stade si avancé que la simple conservation et la protection des zones naturelles restantes ne suffiront pas à enrayer la perte de biodiversité.

Le RIPESS Europe soutient la campagne #RestoreNature. Le moment est plus que jamais venu de faire pression sur les candidat.es aux prochaines élections européennes de juin 2024. Aujourd’hui plus que jamais, il est essentiel d’exiger de nos politicien.nes une position favorable à l’application de la loi sur la restauration de la nature et de voter pour celles et ceux qui le font.

Les perspectives pour la biodiversité et les écosystèmes sont sombres et montrent que l’approche actuelle ne fonctionne pas. La résolution du Parlement demandait à la Commission de « s’éloigner des engagements volontaires et de proposer une stratégie ambitieuse et inclusive qui fixe des objectifs juridiquement contraignants (et, par conséquent, exécutoires) pour l’UE et ses États membres ».(4)

C’est pourquoi il est fondamental non seulement de protéger les habitats restants, mais aussi de restaurer ce qui a été perdu afin de ramener la nature en Europe et de renforcer sa résilience. En termes simples, la restauration consiste à ramener plus de nature et de biodiversité dans différents écosystèmes, des forêts, des tourbières et des terres agricoles aux écosystèmes d’eau douce, marins et urbains. La restauration est un processus d’aide au rétablissement d’un écosystème qui a été dégradé, endommagé ou détruit.

En juin 2022, une coalition a été formée par trois des plus importantes organisations environnementales au monde : BirdLife Europe et Asie centrale (dans le cadre de BirdLife International), le Bureau européen de l’environnement (BEE) et le WWF(1). Cette commission a adopté une proposition de loi sur la restauration de la nature dans le cadre de sa campagne #RestoreNature. Les principaux objectifs de la proposition étaient de restaurer les écosystèmes endommagés et la nature dans toute l’Europe, des terres agricoles et des mers aux forêts et aux environnements urbains. En outre, il visait à réduire l’utilisation et les risques liés aux pesticides chimiques de 50 % d’ici 2030. La loi sur la restauration de la nature pourrait être un élément clé du pacte vert pour l’Europe et de la stratégie de l’UE en faveur de la biodiversité en fixant des objectifs spécifiques, mesurables et exécutoires en matière de protection et de restauration de la nature.

La discussion s’est déplacée au Parlement européen et au Conseil de l’Union européenne dans le cadre du processus de codécision. En juin 2023, le Parlement européen a soutenu la loi sur la restauration de la nature et l’a approuvée le 27 février 2024. Cependant, la politique devait être approuvée par les pays de l’UE avant de pouvoir entrer en vigueur. Malgré la décision prise par le Parlement européen, et la position claire des citoyen.nes européen.nes d’agir contre les conséquences du dérèglement climatique, le Conseil de l’UE a reporté le vote de la loi sur la restauration de la nature car il n’y avait pas de consensus : Loi sur la restauration de la nature : la Hongrie a retiré son soutien ainsi que les Pays-Bas, l’Italie, la Suède et la Pologne, tandis que l’Autriche, la Finlande et la Belgique se sont abstenues. Pour entrer en vigueur, la proposition doit être soutenue par au moins 55 % des pays de l’UE, représentant 65 % de la population de l’Union.

Une étude récente finalisée dans le cadre de l’évaluation de la stratégie de l’UE en matière de biodiversité à l’horizon 2020 montre que l’UE n’a pas pu enrayer la perte de biodiversité entre 2011 et 2020(2). Elle n’a pas atteint l’objectif volontaire de restaurer au moins 15 % des écosystèmes dégradés d’ici 2020 (conformément à l’objectif d’Aichi de la Convention sur la diversité biologique(3)).

  1. L’illustration du WWF dépeint la corrélation entre les gens, le climat et la nature, soulignant le lien profond entre ces éléments (en anglais).
  2. Rapport final d’évaluation sur la stratégie de l’UE en faveur de la biodiversité (en anglais)
  3. Objectif d’Aichi de la Convention sur la diversité biologique
  4. Résolution du Parlement européen du 16 janvier 2020 sur la 15e réunion de la Conférence des Parties (COP15) à la Convention sur la diversité biologique (2019/2824(RSP)).