Article par Credal, Tangente et Ripess Europe

Le 3 mai, un atelier sur le genre dans l’économie sociale et solidaire a eu lieu dans le cadre du GSEF, Dakar. La modératrice de la table, Awa Nguer Fall, coordinatrice du Projet d’appui à la Stratégie nationale pour l’équité et l’égalité des genres au Sénégal [PASNEEG], a encouragé les interventions des différentes expériences et pratiques féministes qui ont été partagées dans le but de tracer des voies vers de nouveaux horizons dans lesquels l’égalité des sexes et le dépassement du patriarcat sont présents.

D’une part, il y a eu la participation de Tangente, un groupe coopératif situé en Espagne et regroupant 13 entreprises avec plus de 100 professionnel.les qui développent des projets visant à améliorer la qualité de vie des personnes, l’environnement social et communautaire et l’environnement.

Les entreprises membres de Tangente ont plus de 20 ans de travail commun basé sur des valeurs coopératives. Cette histoire commune a permis de générer des connaissances et de multiplier la capacité d’action pour répondre aux demandes des différents domaines dans lesquels elle offre des services : participation et travail communautaire, psychologie et santé, conseil organisationnel, genre et équité, formation, entrepreneuriat, agroécologie et habitat collaboratif.

Dans son parcours, Tangente a acquis une vaste expérience des politiques municipales et du développement technique dans la gestion de projets avec différentes administrations publiques et institutions privées. Tangente propose une méthodologie innovante, appliquée et efficace pour développer des expériences de démocratie participative, de coresponsabilité, d’implication citoyenne et de développement durable au niveau local.

D’autre part, le Crédal est une coopérative financière belge avec une histoire de plus de 40 ans, qui offre trois types de services : le financement (microcrédit personnel et professionnel, et prêts aux entreprises sociales), l’accompagnement de projets entrepreneuriaux (entrepreneuriat individuel et collectif) et les investissements (participations dans la coopérative).

Tout au long de ces années, le Crédal a développé une spécialisation dans l’entrepreneuriat des femmes, à travers plusieurs programmes, pour favoriser la création d’entreprises dirigées par des femmes, en proposant un accompagnement et un financement spécifiques. D’autre part, le Crédal est très actif dans le domaine de l’économie sociale en Wallonie, apportant ses conseils à de nombreuses associations et coopératives pour soutenir leur création ou leur développement. En raison des possibilités du crédit, il contribue également à la capacité de ces entreprises sociales de se lancer et de se consolider.

Il a également participé à la table Weer Bi un bulletin scientifique sénégalais mensuel sur l’économie des ressources extractives, de l’environnement et des migrations, avec une ligne spécifique sur le Réseau des femmes et des jeunes dans le secteur de l’énergie[REGEP].

Et enfin, le RIPESS Europe, le Réseau Intercontinental d’Economie Sociale Solidaire, un réseau composé de 42 organisations situées dans 21 pays et dont l’objectif est la visibilité de l’ESS et sa promotion par la coopération entre ses membres et l’élaboration de politiques publiques. Le RIPESS fait d’énormes efforts pour changer la culture de travail capitaliste et patriarcale et développer une perspective féministe non seulement par le discours et extérieurement, mais aussi par le biais d’une révision organisationnelle interne.

 

L’économie sociale et solidaire et la perspective de genre, les positions et les expériences concrètes.

Depuis quelque temps, différentes organisations de l’ESS soulignent que l’économie ne peut être sociale et solidaire si elle n’est pas féministe. Ces deux courants reformulent le concept d’économie qui dépasse le mercantile et, sans aucun doute, cette économie que nous voulons revendiquer ou plutôt récupérer – car avant le capitalisme, il y avait déjà une économie qui était simplement chargée d’assurer les bases matérielles du bien-être des personnes et de la subsistance de la vie – doit être construite dans la diversité, avec tous les peuples et tous les genres, afin qu’elle puisse garantir les droits politiques et matériels à tous les peuples qui habitent cette planète et tous ses écosystèmes.

 

Le RIPESS Europe a pu partager à travers cette activité au sein du GSEF, les différentes activités qu’il a mises en œuvre et que nombre de ses membres développent également. D’une part, le protocole contre les agressions qui cherche à construire un espace partagé de sécurité et de confiance pour toutes les personnes et vise à être un outil de (soi) défense individuelle et collective contre les différentes oppressions et / ou agressions du système qui se manifestent dans nos espaces de travail et au sein de nos organisations. Elle découle de la nécessité de l’auto-éducation et de l’autoprotection collective, et cherche, par le soutien mutuel, à mettre fin à la normalisation des agressions et à la complicité du silence en créant un dialogue entre tous les peuples. Il a également abordé la mise en place de la Commission Care, un organe auquel se joignent les différentes organisations membres du RIPESS Europe, et qui est responsable de l’application du protocole et de sa révision, ainsi que de la mise en œuvre de différentes tâches de sensibilisation, etc.

 

Weer Bi a présenté des données sur le poids des femmes dans l’économie souterraine sénégalaise, les activités économiques qu’elles exercent principalement et les opportunités qu’elles trouvent dans les initiatives de l’économie sociale et solidaire pour alléger leur emploi et la précarité économique. Elle s’est conclue par des recommandations pour renforcer la résilience économique et sociale des femmes : renforcement des capacités de gestion des femmes impliquées dans l’économie sociale et solidaire, accès aux outils de financement, mise en place d’un programme d’appui aux femmes pour l’acquisition de terrains et de logements sociaux.

À partir de l’expérience espagnole de l’École des entrepreneurs Juana Millán, les données qui nous permettent de comprendre la situation d’inégalité vécue par les femmes qui souhaitent entreprendre en Espagne et la solution proposée par l’expérience de l’école ont été exposées. Une école basée sur les principes et les valeurs de l’économie sociale et solidaire, de l’économie féministe et de la gestion des processus collectifs.

Enfin, le Credal a présenté un projet dans lequel il travaille depuis un an et demi. Ce projet est soutenu par la Wallonie et le Ministère de Christie Morreale, qui s’occupe, entre autres, de l’économie sociale et des droits des femmes. Dans le cadre de ce projet, le Crédal a mené une étude sur les questions de genre dans l’économie sociale en Wallonie, rédigée par Elodie Dessy, chercheuse au Centre de l’Economie Sociale de Liège. L’étude vise également à analyser les trajectoires des associations et coopératives selon qu’elles sont créées par des femmes, des hommes ou mixtes. Cette étude met en lumière que le genre est une question très peu explorée dans l’économie sociale, et que plusieurs acteurs utilisent des stratégies pour nier les inégalités entre les hommes et les femmes, arguant qu’il y a plus de femmes travaillant dans le secteur (74%) et que les valeurs partagées par les acteurs sont suffisamment inclusives. Sur la base des recommandations formulées par l’auteure, le Crédal a coordonné la création d’une boîte à outils pour aider les entreprises sociales à intégrer les questions de genre dans leurs pratiques. Par exemple, le kit contient des outils sur la gouvernance des structures, la répartition des tâches de soins au sein du volontariat ou la communication inclusive.

Dans ce lien, vous pouvez trouver l’étude et les outils: https://www.credal.be/actualite/evenement/colloque-leconomie-sociale-wallonne-est-elle-feminine-ou-feministe

Vers une économie sociale, solidaire et féministe.

L’expérience de Dakar, les voix, les projets et les analyses partagés lors du Forum nous placent dans un panorama mondial marqué par l’incertitude, l’urgence climatique, la destruction des écosystèmes, les crises migratoires, les chaînes mondiales de soins… Il est évident que les mécanismes actuels de génération et de distribution de la richesse augmentent les niveaux d’inégalité sociale, laissant de plus en plus de personnes en marge des bases. Ces marges ne cessent de croître et constituent le territoire dans lequel vivent de plus en plus de femmes.

La collaboration entre des projets tels que ceux présentés lors de l’atelier doit être le germe d’une transformation essentielle, le germe d’un modèle économique qui place les personnes et la planète au centre, et que cette transformation des relations économiques soit menée par des femmes qui lancent des projets réussis et ambitieux dans des secteurs stratégiques, tels que l’industrie scientifique, l’élevage primaire et le secteur agroécologique, dans des secteurs tels que les énergies renouvelables, la réhabilitation écologique des bâtiments, la réutilisation, le recyclage et la gestion des déchets, la culture, la relocalisation de la production de biens essentiels (santé, textile, alimentaire, technologique…), les services de soins, les projets qui soutiennent une vie digne pour tous.

Il est également essentiel que l’économie sociale prenne en charge la question de l’inclusion et de l’égalité des sexes, et qu’elle puisse être un domaine où toutes les personnes sont égales. Concrètement, cela signifie que les acteurs de l’économie sociale doivent être formés sur le sujet, utiliser des outils, que les entreprises sociales ont une stricte parité d’hommes et de femmes dans leurs sphères de décision, et que des statistiques soient produites pour avoir des données sur cette inclusion et ainsi pouvoir continuer à s’améliorer.

 

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Titre de l’atelier : Comment prendre en compte le genre dans l’économie sociale et solidaire

Andrea Rodríguez – RIPESS Europe

Joëlle Tétart –  Crédal

Oumar Ba –  Weer Bi

Sandra Salsón et Ariadna de la Rubia | Tangente

 

Vidéo Pré Forum FemmESS:

https://www.youtube.com/watch?v=N_bfx5AY15g