Nous ouvrons cette lettre sur l’actualité du gouvernement (français) qui, comme nous l’évoquions dans l’édito du mois de janvier, conduit quatre chantiers en lien avec l’Économie sociale et solidaire.
Ainsi nous avons pu assister le 18 janvier à l’inauguration de #FrenchIMPACT, l’accélérateur national de l’innovation sociale et au lancement du premier appel à projets « Pionniers French Impact » dont l’objectif est de construire la vitrine des entreprises innovant socialement. Un appel à candidature sera lancé en mars pour construire l’écosystème français de l’innovation sociale et expérimenter des accélérateurs locaux sur des territoires pilotes, avant l’extension du dispositif sur l’ensemble du territoire national en 2019. Il est clair que l’objectif affiché est de soutenir, bien au-delà des sociétés de personnes (associations, mutuelles et fondations), toute entreprise qui, par son activité innove socialement en permettant d’atteindre des objectifs sociaux quantifiables générant des économies pour les dépenses publiques. C’est une vision de l’innovation sociale réduite à la seule mesure d’impact social, mais une vision qui semble rassembler largement au sein du gouvernement, puisque trois ministres entouraient Christophe Itier pour ce lancement.
Une vision qui est en cohérence avec le Plan d’Action pour la Croissance et la Transformation des Entreprises (PACTE) et l’annonce de la mission confiée à Nicole Notat et Jean-Dominique Senard sur « entreprise et intérêt général». Comme nous l’annoncions, ce sujet soulève des interrogations des acteurs de l’ESS qui se mobilisent pour valoriser la contribution et l’expérience de l’ESS sur ce sujet. Ainsi Michel Prugue, président de Coop de France, déclare dans une tribune publiée dans Up Magazine ce 8 février : « Inspirées du modèle anglo-saxon des « B.CORP », ces entreprises « à mission » seraient ainsi plus citoyennes, plus modernes, plus engagées… plus humaines ! En effet, une entreprise peut être régie par autre chose que la rentabilité véloce du capital et le profit court-terme de ses actionnaires ; les personnes qui la composent peuvent être respectées, leur participation peut être valorisée ; le long terme peut être protégé au nom des intérêts collectifs des femmes et des hommes d’aujourd’hui et de leurs enfants, et des enfants de leurs enfants. Tout cela peut paraître extrêmement innovant, mais pour nous, c’est notre quotidien alors que nous sommes parfois … de très vieilles entreprises ! » Voir également sur ce point les tribunes parues dans la lettre mensuelle n° 117 du CIRIEC et notamment celle de Jean Gatel qui fut secrétaire d’État, chargé de l’Économie sociale.
Si le Mouvement pour l’économie solidaire conçoit/entend cette volonté de moraliser les entreprises lucratives pour tendre vers un capitalisme plus éthique, nous restons vigilants à ce que la notion d’intérêt général ne soit pas dénaturée. Nous restons surtout mobilisés afin de défendre la diversité des dynamiques citoyennes qui œuvrent pour une transition vers une société plus solidaire, plus juste et plus durable. Si, comme le déclarent les Echos, une majorité de patrons serait favorable aux entreprises à mission y voyant une nouvelle possibilité pour les entreprises d’aller plus loin dans la RSE et de dépasser le green ou le social washing, pourquoi ne pas proposer à ces entreprises de répondre aux obligations imposées aujourd’hui par l’agrément ESUS, ce serait déjà une belle avancée.
(Extrait de l’édito du MES – Mouvement pour l’Economie Solidaire du bulletin de février 2018)
Voir le texte en entier ici.