Article du Portal de le Economía Solidaria, Espagne

Quelle est la présence de l’économie solidaire chez les jeunes et vice versa ? Nous réfléchissons à cette relation et aux moyens de promouvoir de plus grandes synergies entre les deux domaines. Un article inspirant d’Albert Gasch Hurios (Fiare Banca Etica) pour l’Axe 2 d’Idearia 2022

Les jeunes ne sont pas facile à généraliser en raison de leur grande diversité, tant en âge que par situation. Mais il y a une chose qu’un pourcentage élevé d’entre eux et elles partage : la précarité. 30 % des jeunes sont menacés d’exclusion sociale. Cela est dû, entre autres, au taux élevé d’emplois temporaires (qui a été réduit à 39% au cours du dernier mois d’avril), ou au prix élevé des loyers, qui occupe plus de 80% du salaire net d’un jeune. Ceci, combiné à la saison inflationniste que nous vivons, rend le fait d’être jeune et de planifier un projet de vie à moyen / long terme, quelque chose de difficile aujourd’hui, voire presque impossible.

Ce sont des données et des situations effrayantes et, malgré cela, ou surtout à cause de cela, les jeunes veulent du changement et se mobilisent pour y parvenir. De plus, nous savons que le système économique actuel n’aide pas dans cette situation. Par conséquent, l’économie sociale et solidaire veut offrir une réponse qui soutient et promeut une alternative à la jeunesse d’aujourd’hui. Nous devons également regarder vers l’intérieur, analyser nos forces et nos faiblesses, ainsi que nous demander comment nous travaillons avec les jeunes d’aujourd’hui.

Nous voulons que des piliers solides soient construits sur l’ESS sur lesquels maintenir des projets de vie possibles et durables. Cependant, nous croyons qu’à ce jour, l’ESS n’a pas suffisamment répondu aux besoins et aux préoccupations des jeunes (Article du Salto Diario en espagnol sur les coopératives jeunesse). Et, au-delà de quelques réflexions isolées, nous pensons qu’elle n’a pas été capable d’articuler un discours qui part d’un diagnostic sur la situation dans laquelle se trouvent les jeunes, comment le système économique actuel conditionne leurs projets de vie et comment, à partir d’une proposition économique alternative, elle soit capable de faire face à leurs défis et leurs enjeux.

Ces lacunes et l’absence conséquente d’un récit clair sont ce que nous pensons que l’ESS doit affronter, compte tenu de certains éléments que nous avons déjà décrits.

Premièrement, identifier à partir de données objectives quelle est la situation réelle des jeunes et quels sont les défis et les obstacles auxquels ils doivent faire face. Dans cet article, nous avons donné quelques données, mais nous devons être en mesure de connaître, de partager et d’assumer un diagnostic beaucoup plus complet.

Deuxièmement, identifier les expériences, les lignes de travail, les actions déjà menées par les jeunes par l’ESS. Il n’y a pas de ligne de travail à cet égard des réseaux mondiaux de l’ESS, mais plutôt quelques expériences d’organisations spécifiques. Nous pensons également qu’il est nécessaire de les identifier afin de savoir d’où nous partons.

Troisièmement, et conformément à la nécessité et à la volonté d’intercoopération dont témoigne l’ESS et qui constitue précisément l’axe de motivation de cette IDEARIA, nous devons également voir comment les organisations peuvent intercoopérer dans le domaine de la jeunesse. Il existe déjà des nœuds d’intercoopération très puissants dans ce domaine qui commencent à germer, comme l’École d’activisme économique (article du Salto Diario en espagnol). Il est nécessaire de réfléchir à la manière de renforcer ce type d’initiative et de voir quelles autres pratiques d’intercoopération nous pouvons mettre en place.

Mais surtout, et à l’opposé de tout ce que nous soulignons, nous devons être capables de générer un discours de l’ESS. Un discours qui place les approches de l’économie solidaire comme l’ensemble des récits capables de donner des réponses aux jeunes. Une réflexion générale partagée avant ou parallèlement à toutes les lignes d’action. C’est peut-être le plus compliqué, mais nous pensons que c’est nécessaire et possible.

Cela implique donc de continuer à mener notre combat culturel pour générer une pensée critique également chez les jeunes, en les rapprochant des valeurs de l’ESS, en les formant, en les accompagnant et en étant présent.e.s, dans un monde où ils et elles reçoivent précisément des messages constants qui s’opposent à la vision de l’économie et de la société que nous défendons.

La jeunesse est la société de l’avenir, le chantier dont nous devons nous occuper. Il en va de même pour l’ESS. En cette année 2022 déclarée par l’Union européenne Année européenne de la jeunesse, il est important que l’ESS soit également visible en tant qu’agent actif dans ce secteur. Nous sommes à un moment où la jeunesse est à l’ordre du jour politique de toutes les administrations et de tous les espaces de prise de décision, étant par exemple, l’une des questions importantes dans les fonds européens de relance (appelés Next Generation) Tout le travail que rélise l’ESS dans ce domaine, comme la création de son propre discours que nous avons mentionné précédemment, sont essentiels pour se positionner devant les différentes administrations, les centres de décision ou l’ensemble de la société.

Bref, il y a beaucoup de défis qui nous attendent, mais dans cette IDEARIA , nous allons essayer de les relever de manière structurée en écoutant ce que les jeunes ont à dire et en mettant leurs besoins sur la table.