Source : Image Conférence internationale « Comment apprendre l’économie pour une transition écosociale ? » organisée par l’OES Madrid, 2019.

Par Carlos Askunze Elizaga (REAS Euskadi-Red de Economía Alternativa y Solidaria pour le Magazine Noticias Obreras nº 1.635, Janvier 2021

La pandémie de COVID-19 nous a révélé l’urgence et la nécessité de parier de sociétés plus durables et inclusives. Les propositions viables pour un avenir alternatif ne manquent pas, comme celles de l’économie alternative et solidaire.

L’émergence du COVID 19 a rempli de peur et d’anxiété nos vies fragiles et, surtout, a montré l’insuffisance du système social, économique et politique et de ses principales institutions – tant locales qu’internationales – pour faire face à son expansion et à ses conséquences, capables de compromettre l’avenir de nos sociétés.

Mais au-delà de la situation immédiate, nous devons reconnaître que la pandémie et l’impuissance à la traiter et à la contrôler sont les symptômes d’une crise écosociale beaucoup plus profonde qui menace, comme jamais auparavant dans l’histoire, de mettre en péril la survie même de la planète et des vies qu’elle abrite.

Il est nécessaire de promouvoir des stratégies de transition qui nous donnent la possibilité de rêver, d’identifier et de concevoir des futurs alternatifs à ceux vers lesquels le capitalisme nous conduit actuellement, à partir de critères de justice écosociale et de cadres d’approfondissement démocratique.

A partir de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS), en harmonie avec d’autres économies transformatrices comme l’économie féministe, écologique ou celle des biens communs, nous proposons un agenda de stratégies et de pratiques concrètes qui, portées sur le terrain des changements structurels, des politiques publiques et des comportements sociaux, peuvent ouvrir quelques pistes précieuses pour la promotion d’une telle transition, aussi nécessaire qu’urgente.

Il est urgent de changer de cap

(…)

Nous devons (…) reconsidérer l’économie. Nous devons reconsidérer les bases qui soutiennent son fonctionnement, les limites sociales et environnementales auxquelles elle est confrontée, les politiques publiques qui l’animent, le comportement économique des citoyens… Nous devons faire face à des stratégies de transition vers des modèles socio-économiques plus équitables, solidaires et durables. Des stratégies qui incorporent les valeurs et les propositions du féminisme et de l’écologie, et qui mettent l’économie au service du bien commun, du bien-être de toutes les personnes et de tous les territoires, de l’équité et de la cohésion sociale, ainsi que de la durabilité future de notre planète. L’ESS, avec d’autres perspectives critiques, alternatives et transformatrices, fournit des propositions concrètes pour promouvoir ces transitions vers un nouveau modèle qui peut être résumé dans les stratégies suivantes , qui doivent être considérées à la fois localement et globalement :

  • Garantir les droits humains, sociaux et économiques de toutes les personnes et, par conséquent, donner la priorité aux politiques, aux ressources économiques et aux instruments nécessaires pour soutenir les systèmes fondamentaux de protection sociale qui garantissent une vie digne – santé, éducation, services sociaux et inclusion – sur la base de critères d’égalité et d’universalité.
  • Promouvoir une nouvelle organisation sociale des soins qui garantisse le droit aux soins pour toutes les personnes, leur développement dans des conditions dignes et par la responsabilité partagée de la société dans son ensemble : institutions publiques, agents sociaux, communauté et ménages.
  • Développer une stratégie de transition écosociale dans des domaines tels que l’efficacité énergétique, la mobilité durable, la gestion écologique des déchets, la limitation de la consommation des ressources, la gestion publique et efficace de l’eau, la défense de la biodiversité et la gestion durable du territoire.
  • Promouvoir un changement du système productif qui place la vie au centre de toute son activité, en donnant la priorité à la production de biens et de services d’utilité sociale et au service du bien commun, à la promotion de l’économie directe et circulaire, à la coresponsabilité dans les tâches productives et reproductives, etc.
  • Promouvoir une stratégie basée sur le soutien et la valorisation des chaînes économiques locales, à travers la protection de la production locale, le financement éthique et responsable, le développement des circuits courts de commercialisation et du commerce local durable, ainsi que la promotion d’une consommation critique, consciente et transformatrice. De cette façon, nous promouvons les souverainetés énergétique, alimentaire, technologique, culturelle, etc., ce qui n’est pas un obstacle pour promouvoir la nécessaire coopération (inter) internationale et la solidarité avec le reste des communautés de la planète.
  • Parier stratégiquement sur le développement du secteur de l’ESS, en soutenant le développement d’activités économiques animées par l’initiative sociale au service du bien commun et, en particulier, celles développées dans des secteurs stratégiques tels que la banque éthique, les coopératives de production, de commercialisation et de consommation d’énergies renouvelables, les initiatives associatives de promotion de l’agroécologie et de la souveraineté alimentaire, le commerce équitable, la gestion durable des déchets, l’intervention sociale, les soins et le développement communautaire, les technologies ouvertes et la communication libre ou l’habitat coopératif de transmission d’usage.
  • S’orienter vers un nouveau modèle de gouvernance plus ouvert, distribué, délibératif et coresponsable, qui nous permette d’approfondir la démocratie pour relever conjointement les défis complexes auxquels nous sommes confrontés en tant que société, à partir d’une plus grande collaboration publique-sociale et avec une perspective globale qui combine l’approche territoriale, l’innovation citoyenne, la participation communautaire, la recherche sociale appliquée et le renforcement des différents agents.

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Propositions pour une normalité alternative

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Le REAS, Réseau des Réseaux d’Economie Alternative et Solidaire, a promu un processus d’élaboration collective d’un document de propositions politiques intitulé « 14 Axes d’action et 85 mesures pour une nouvelle normalité solidaire, féministe et écologique » (en espagnol). Le document précise ces axes et mesures en propositions pour la promotion de l’ESS dans quatre objectifs prioritaires pour les politiques publiques que nous résumons ci-dessous.
Le document présente également certains accents qui, au-delà de ces propositions, sont considérés comme pertinents pour assurer les progrès de la réactivation économique et sociale. Des accents qui ont été particulièrement mis en avant en cette période de pandémie.

Lire tout l’article et le déroulé des différentes politiques publiques en espagnol, ici.