Article : Appel à la Journée d’action pour le logement
La Journée Européenne d’actions contre la spéculation et le logement cher 2022 a eu lieu les 26 et 27 mars 2022
Pour la troisième fois, une Journée d’action pour le logement a eu lieu en mars de cette année. Nous, la Coalition d’action européenne pour le droit au logement et à la ville (EAC), sommes un réseau de 31 organisations de base de 19 pays européens fondée en 2013.
L’année dernière, lors de la Journée d’action pour le logement 2021, 75 actions ont eu lieu dans 68 villes [https://housingnotprofit .org]. Malgré la pandémie et les mesures de confinement, un mouvement populaire européen s’est coordonné pour exprimer ses revendications légitimes pour le droit au logement et à la ville.
Le logement est au centre de tous les grands enjeux sociaux de notre époque. Il est lié à la santé publique, au changement climatique et aux inégalités sociales, raciales et de genre à bien des égards. Cela s’étend au droit à l’espace public (droit d’accès et droit de décider de sa transformation) dans les villes et dans les zones rurales. Ces dernières années, les mouvements sociaux axés sur le droit au logement, à la ville et, plus globalement, à la terre, considèrent que les processus démocratiques de décision devraient être au cœur de la transformation et de l’accessibilité de l’espace. Cette mobilisation implique une grande variété de formes d’action qui ont donné lieu à de nombreux succès concrets. La demande massive des Berlinois d’exproprier les grands propriétaires, de socialiser le parc immobilier et de lutter contre la financiarisation en est un bon exemple.
Et pourtant, alors que les divisions sociales et la redistribution des richesses du bas vers le haut augmentent de manière erratique, les gens subissent des réductions de revenus ou sont de plus en plus privés d’opportunités et de conditions de travail décentes. Le coût de la vie continue d’augmenter sans relâche avec la montée en flèche des coûts de l’énergie. Les coûts du logement augmentent sans cesse (loyers et acquisitions), sans réelle réponse politique. La privatisation de masse et les politiques néolibérales qui se poursuivent depuis les dernières décennies continuent d’être une véritable atteinte à la dignité humaine. Les gouvernements de toute l’Europe continuent de privilégier les profits des investisseurs par rapport aux droits humains fondamentaux. Nous ne pouvons pas rester silencieux.ses !
Malgré la crise exacerbée par la pandémie, la situation s’est aggravée. La campagne #stayhome a révélé un niveau de cynisme difficile à accepter. Les symptômes que nous observons peuvent être différents dans nos régions, tout comme l’orientation de nos luttes. Mais les causes sont les mêmes : c’est la propriété privée, c’est la politique infiltrée par le lobby, c’est l’inégalité croissante. Bref, c’est le capitalisme. 2021 n’a été qu’une autre année d’expulsions de locataires et de petits propriétaires, d’augmentation des coûts du logement et de gentrification, de situation de sans-abris croissante, de marginalisation des populations racialisées et à faible revenu, de destruction de modes de vie alternatifs, de privatisations de terres et de logements, d’accaparement des terres et de déplacement des communautés autochtones et d’une planification urbaine terne ne profitant qu’au capital.
Le 31 mars marque la fin du moratoire hivernal sur les expulsions dans plusieurs pays européens. Mais cette année, c’est aussi la date d’une éventuelle expulsion du Collectif Zone Neutre Occupation KBC à Bruxelles, un ancien bâtiment bancaire occupé à quelques centaines de mètres du Quartier Européen – ainsi que d’autres squats de sans-papiers. Le Collectif Zone Neutre Occupation KBC héberge aujourd’hui environ 200 personnes dans différentes situations juridiques précaires, luttant à la fois pour leur droit au logement et pour rester et travailler en Belgique. Cette affaire représente parfaitement l’état actuel des choses en reliant les luttes pour la liberté de mouvement et la liberté de rester. Nous condamnons profondément cette expulsion planifiée et nous sommes en pleine solidarité avec le collectif. Surtout dans l’ombre des mouvements d’extrême droite émergents dans le monde entier, nous devons unir nos luttes avec toutes les personnes qui luttent contre toutes sortes d’injustices systémiques.
Nous exigeons :
– une variété de modèles de logement alternatifs libres des forces du marché qui permettraient un monde sans expulsions;
– Une propriété socialisée du logement et de la terre;
– Réquisition des bâtiments vacants et le nombre de sans-abri à diminuer complètement;
– Les ressources nécessaires pour construire des logements de haute qualité et neutres pour le climat qui profitent à la population et non à l’industrie « verte » nouvellement en plein essor ;
– Une pratique de planification radicale d’en bas. Pas de démolitions inutiles.
– Un droit sans frontières à la circulation, au logement et à l’espace public;
Nous voulons le changement systémique qui permet tout cela.