De petits prêts, pas de carte de crédit, des clients locaux, pas de risques financiers : face au choc de l’effondrement de nombreuses grandes banques, les coopératives sont perçues comme fiables.
Loin des produits financiers complexes et des parachutes dorés, Peter Breiter, 41 ans, est le seul employé de sa banque, Raiffeisen Gammesfeld. Il écrit à la main des bordereaux pour les 500 habitants du petits village allemand de Gammesfeld. La banque coopérative Raiffeisen Gammesfeld en Allemagne du Sud est une des plus petites banques du pays en termes de dépôts. Elle est aussi la seule à être tenue par un seul et unique employé. Les petites banques de ce type dominent dans le paysage bancaire allemand. Enracinées dans les communautés, elles offrent un éventail limité de services, de comptes bancaires et de prêts aux clients locaux, qu’ils soient entrepreneurs ou particuliers. Elles constituent même de sérieuses rivales pour les deux plus grandes banques allemandes, Deutsche Bank et Commerzbank. “Pourquoi utiliser un distributeur automatique ?”, demande Friedrich Feldmann, un client patientant dans la petite salle d’attente de la banque lors de sa visite hebdomadaire pour retirer de l’argent liquide. “Elle coûtent de l’argent de toute façon”. Peter Breiter fournit de l’argent liquide aux habitants pour leurs besoins quotidiens et négocie de petits prêts pour les entreprises locales. L’employé de banque n’a même pas besoin d’ordinateur : sa machine à écrire et sa calculatrice lui suffisent amplement. Il connait tous ses clients personnellement, et joue aussi un rôle de conseiller professionnel et personnel. La prospérité des coopérative est étroitement liée à l’existence du Mittelstand, ces petites et moyennes entreprises, souvent familiales, qui sont au cœur de l’économie allemande et représente la clé des succès allemands à l’exportation. “Le Mittelstand est la sève de l’Allemagne, et ces entreprises sont souvent nos clients”, explique Steffen Steudel, porte-parole de l’association des banques coopératives, BVR, interrogé par Reuters. Parmi les clients de Gammesfeld : des fermiers, une entreprise de construction de panneau solaires d’environ 100 employés, une entreprise de fenêtres, celle qui a fourni les fenêtres de la banque. Si de nombreuses banques coopératives ont souffert de la crise financière, elle sont mieux résisté que d’autres banques car elles ne sont pas tombées dans le piège de l’expansion trop rapide, et ne se sont pas engagées dans des opérations à risque. Face au choc de l’effondrement de nombreuses grandes banques, la population porte un intérêt renouvelé aux coopératives, perçues comme stables et fiables, selon BVR. “Tout comme les consommateurs veulent savoir d’où viennent leurs aliments, ils veulent aussi voir ce que leur banque fait de leur argent”, analyse Steffen Steudel. Raiffeisen Gammesfeld limite ses activités à la banque de détail classique- pas de cartes de crédit, pas d’actions, pas de fonds, ni même de services bancaires en ligne. Les profits annuels s’élèvent à 40 000 euros environ et le plus gros prêt jamais accordé a été de 650 000 euros. En savoir plus sur www.atlantico.fr/pepites/en-allemagne-micro-banque-cooperative-suffit-faire-tourner-entreprises-locales-639152.html