Article par Jason Nardi, RIPESS Europe

À l’ère d’Internet, de l’intelligence artificielle, de la réalité virtuelle et des technologies de l’information et de la communication, il est pratiquement impossible de ne pas utiliser les outils numériques qui nous entourent. Beaucoup sont utiles, mais sont conçus par et à des fins commerciales et de marketing – et utilisent nos données en conséquence. Mais si nous voulons développer des économies alternatives et transformatrices (et ne pas être transformés par les GAFAM – les Google Amazon Facebook Apple Microsoft de ce monde…), alors nous devons également créer, adapter et utiliser des technologies conçues de manière coopérative et axée sur la communauté – ainsi que transparentes, respectueuses et non commerciales.

C’est pourquoi le RIPESS Europe a décidé de  promouvoir l’utilisation d’outils numériques open-source, copyleft et développés éthiquement, qui nous ont conduits – après l’expérience du Forum social mondial des économies transformatrices et avec le soutien de Dunia, Framasoft, Exemole, Lokavaluto et d’autres – à écrire le Charte des outils numériques pour l’ESS dans l’Assemblée générale du 2021.

La Charte énonce les principes avec lesquels nous abordons l’utilisation des technologies de l’information et l’utilisation des données en tant que biens communs.

Nous avons donc créé un « écosystème » de logiciels et plateformes numériques à l’usage du réseau et de ses membres, tous basés sur les FLOSS (Free-Libre Open Source Software) et les licences Creative Commons ou GPL/Copyleft. Et bien que nous utilisions encore certains médias commerciaux (tels que les principaux médias sociaux), nous essayons de promouvoir leurs alternatives: décentralisées, interopérables, détenues en coopérative et gérées par la communauté.

Au fil des ans, nous avons expérimenté de nombreuses solutions en ligne. Certaines que nous avons abandonnées, d’autres que nous essayons d’améliorer et d’apprendre à mieux utiliser. Le résultat est que nous en utilisons beaucoup – car il y a beaucoup de besoins et de fonctions qu’elles couvrent – mais en essayant de les rendre plus intégrées les unes aux autres, soit en les connectant directement (utilisateur à authentification unique, données interopérables), soit en les reliant les unes aux autres, car elles se complètent pour ce qui est de  l’information – discussion – documentation – interaction – recherche – apprentissage – mise en réseau – partage des connaissances – échange (économique), etc.

Nos principaux outils sont le site principal ripess.eu (et la newsletter connectée), notre médiathèque socioeco.org, nextcloud (avec ses fonctions de documents partagés et d’archive), le CRM basé sur Odoo, que nous abordons en tant que membres de l’espace d’intercoopération et de comptabilité / gestion. Ce dernier comprend également de puissants outils de travail en groupe (pour les projets, etc.) et est connecté à la fois à des outils de cartographie (qui sont intégrés dans Transiscope.org) et à des canaux de chat (avec rocketchat). Nous avons également un Peertube (pour remplacer YouTube), une plateforme Moodle (pour les échanges de connaissances et l’e-learning) et le (renouvelé) Solecopedia, qui utilisera des outils Web sémantiques pour « communiquer » avec d’autres sites Web wiki. Les forums de discussion et l’orientation décisionnelle des groupes de travail se font par l’intermédiaire de Framavox (une installation loomio de Framasoft) et pour nos réunions en ligne, nous utilisons BBB-Big Blue Button, grâce à Dunia.Earth (et à l’avenir connecté avec meet.coop).

Quoi d’autre? Il existe de nombreuses autres plateformes et la dernière chose que nous voulons faire est de fermer le réseau dans un espace numérique autoréférentiel… Nous co-promouvons et collaborons donc avec certaines d’entre elles, telles que Communitiesforfuture.org (dirigé par Ecolise), Transformativecities.org (avec TNI et bien d’autres), ainsi que le géo-social Communecter.org avec lequel nous avons un projet pilote en Italie et Smartketplace Commerce électronique avec des monnaies locales et un projet pilote en cours d’élaboration en Suisse. Nous discutons également avec Openfoodnetwork et d’autres sur l’interaction entre les outils coopératifs en ligne de consommateurs et de producteurs directs.

Nous avons également utilisé Decidim et Civicrm pour le Forum social mondial des économies transformatrices, contribuant au développement d’outils pour les assemblées et les événements de forum ouvert/social…et nous allons collaborer davantage avec d’autres réseaux (tels que ECOLISE, GEN Europe et le réseau Transition) pour trouver des solutions communes et des synergies. Nos ressources limitées (à la fois économiques et techniques) ne nous permettent pas d’intégrer tout ce que nous voudrions, mais nous avons constaté des progrès importants au cours des dernières années, mais aussi de nombreux défis dans la promotion de l’utilisation et le traitement des problèmes qui se comparent difficilement avec les plateformes commerciales. Enfin, encore faut-il déterminer la pérennité économique (et d’utilisateurs) de tous ces outils !

Dans les années à venir, nous aimerions travailler davantage avec les communautés de technologie libre (matériel et logiciel), les fournisseurs informatiques installés en coopératives, les activistes des biens communs numériques pour imaginer, expérimenter et développer ensemble les outils permettant de transformer l’économie au profit de toutes et tous.