Par Josette Combes.

Le mois de novembre est celui de l’économie solidaire. Hélas il se termine par le « Black Friday », une journée de folie consacrée à l’achat à tout prix pour profiter de soi-disant soldes dont on sait qu’elles sont très souvent des forfaitures. On a pu assister à des scènes hallucinantes de quasi piétinement de rivaux pour accéder à la sacro-sainte marchandise. Cette année, c’est d’autant plus affligeant que l’époque est par ailleurs toujours sous la menace de la pandémie qui va mener à la ruine beaucoup de commerces de proximité qui ne peuvent ni participer, ni s’opposer au Black Friday. Le terme a émergé dans les années cinquante aux Etats-Unis et désigne le vendredi suivant Thanksgiving, fête laïque qui se tient le quatrième jeudi du mois de novembre. Il a été importé en même temps qu’Amazon installait ses succursales en Europe. En opposition, le « Green Friday est né en 2017 d’un réseau de recyclage et de reconditionnement, Envie, allié à plusieurs autres associations, qui ont lancé cette initiative pour contrecarrer le « vendredi noir »  en France . La nouvelle plateforme La République de l’ESS, initiative de ESS France lance sa première campagne sur cette thématique https://vivresansamazon.org/ et organise le 26 janvier 2021 à 14h30 une table ronde en visioconférence autour de la problématique « L’ESS peut-elle permettre de vivre sans Amazon ? ». Les inscriptions à cet évènement sont déjà ouvertes : https://register.gotowebinar.com/register/655171902574503182

Ailleurs, la campagne «Faites quelque chose» de l’ONG Greenpeace, avec plus de 273 événements dans 38 pays, invite à «ne rien acheter» vendredi et à privilégier ses animations et conférences pour apprendre à recycler, réparer, faire son soda ou ses propres cosmétiques. La bonne nouvelle c’est que selon l’institut de la satisfaction client HappyOrNot., les taux de satisfaction des consommateurs américains pendant le «Black Friday» ont chuté de 7,5% en 2017. Cette tendance semble s’alourdir d’année en année, le consommateur commence à s’orienter vers une attitude plus responsable. Les campagnes contre Amazon et en faveur des commerces de proximité se multiplient y compris aux Etats Unis où ce sont les libraires qui se sont mobilisés. L’association ABA estime que 20 % des librairies indépendantes sont menacées de fermeture.

“Consume dentro” (Consommons chez-nous) est du même ordre : une initiative promue par le réseau espagnol REAS pour encourager la consommation interne au sein de l’Economie Solidaire, à partir de la conviction que le renforcement de nos propres circuits économiques, en produisant et en consommant dans nos entités, est aujourd’hui plus nécessaire que jamais.

La consommation responsable est un des piliers essentiels de l’économie solidaire. Et en dépit des derniers soubresauts de l’hubris consumériste, on commence à percevoir un changement d’attitude à la fois des citoyen.ne.s et des responsables politiques. Qui pouvait espérer que la Tunisie fasse voter une loi cadre et pourtant ce pays initie au Maghreb cette entrée en piste officielle de l’ESS. La Turquie en lien avec un collectif de chercheurs lance les premières rencontres entre acteurs et chercheurs [elle doivent] permettre d’approfondir une connaissance partagée des pratiques et des réflexions autour de l’économie solidaire en Turquie, et d’engager un dialogue avec d’autres acteurs et chercheurs de l’espace européen. La ville de Genève soutient la monnaie alternative, le Léman. Le Forum social Mondial des Économies transformatrices poursuit sa route en cherchant à consolider les échanges de convergence qui ont pris naissance en juin et en octobre, Les médias alternatifs parlent de l’ESS mais de moins alternatifs commencent à s’y intéresser, il serait temps ! Nous accueillons deux nouveaux membres Essplicite (Bordeaux France ) et le Centre pour l’Économie Solidaire (Budapest, Hongrie). Bienvenue.

Autant de bonnes nouvelles que vous pourrez découvrir avec d’autres dans ce dernier bulletin avant le passage à la nouvelle année. Nous l’espérons meilleure que l’annus horribilis que nous venons de vivre. Et pour y participer par exemple, songez à soutenir la campagne en faveur des autochtones très impactés par le COVID, cliquez ici

Embarquons l’optimisme à bord pour entamer la nouvelle année au cours de laquelle le RIPESS Europe fêtera ses dix ans. Merci à tous ceux qui auront participé à en faire une décennie de joyeuse solidarité.