La 12e édition du Forum social mondial (FSM), qui s’est tenue à Tunis du 26 au 30 mars, se présente comme une véritable consécration des luttes menées par les mouvements sociaux et la société civile tunisienne, qui s’identifient comme les acteurs principaux du printemps arabe et une large représentation des mouvements sociaux mondiaux en soutien au peuple tunisien. Des dizaines de milliers de personnes ont participé à la marche d’ouverture du 26, après la tenue le matin de l’assemblée des femmes dans un amphi bondé. Par la suite, une série d’ateliers et de conférences, 1200 au total, se sont tenues. Le FSM s’est terminé le 30 mars par une marche d’appui au peuple palestinien.
L’économie sociale et solidaire est très présente dans la programmation, et d’ailleurs l’initiative présentée dans le cahier des participants est le cas d’une coopérative : la Coopérative NOMAD 08. Cette coop rassemble un groupe de huit jeunes chômeurs diplômés de la ville de Redeyef dans le Sud de la Tunisie et est spécialisée dans la construction de matériel électronique d’interprétation, qui a servi notamment au FSM. Alors que la Tunisie se retrouve avec plusieurs dizaines de milliers de jeunes chômeurs, la Coopérative NOMAD apparaît comme une planche de salut et explique le choix des organisateurs de la présenter en premier plan aux participants pour mettre en application la devise historique du Forum : un autre monde est possible.
Le RIPESS, incluant RIPESS Europe, RIPESS Amérique du Nord et le Réseau Africain d’économie sociale et solidaire (RAESS), y a présenté 7 ateliers qui ont accueilli près de 300 personnes (voir la liste ici). Plusieurs organisations régionales se sont mobilisées pour animer les ateliers et ont abordé le rôle de l’ESS en Afrique, dans la souveraineté alimentaire, l’économie informelle, la démocratie économique et comme alternative au capitalisme et à la mondialisation néolibérale. Nous avons pu entendre beaucoup de témoignages de participants d’Afrique sub-saharienne, du Maghreb ou d’Amérique du Sud, par des organisations qui développent des activités avec les femmes, les jeunes, qui luttent contre l’accaparement des terres ou le chômage. Mais nous avons également insisté sur le fait que l’ESS n’est pas une économie de réparation mais la construction d’une nouvelle vision du monde, applicable en substitution à l’économie néolibérale dévastatrice.
Le FSM a permis aux organisations membres du RIPESS de faire converger leurs efforts et de travailler ensemble à la diffusion de l’ESS comme alternative, et ce en collaboration avec des organisations tunisiennes intéressées à l’ESS.
Dans nos ateliers, et en dehors, nous avons constaté une forte adhésion à l’idée que l’ESS puisse être une approche adaptée au peuple tunisien, permettant à la population, et aux jeunes en particulier, de s’organiser, dans les différentes régions du pays, afin de développer des activités permettant un mieux vivre.
Nous désirons témoigner du chaleureux accueil de la part des Tunisiens et Tunisiennes. Et nous désirons partager notre sentiment que l’ESS est d’ores et déjà bien vivante en Tunisie.
Josette Combes Mouvement d’économie solidaire (MES) France Membre de RIPESS Europe
Maude Brossard Chantier de l’économie sociale du Québec Membre de RIPESS Amérique du nord
Yvon Poirier Réseau canadien de développement économique communautaire (RCDÉC) Membre de RIPESS Amérique du nord
Noureddine EL HARRAK Réseau Marocain de l’ESS ( REMESS) Membre du réseau Africain de l’ESS (RAES