Article de Jason Nardi et Franca Crisci, RIES – Rete Italiana Economia Solidale

Les communautés intentionnelles représentent un modèle social alternatif basé sur le partage de la vie, la coopération économique et la durabilité environnementale. Qu’il s’agisse d’écovillages ruraux ou de projets urbains de co-habitat, ces communautés favorisent des liens sociaux forts et des approches innovantes en matière de gestion des ressources. En Italie, malgré leur présence croissante, elles restent dans une zone d’ombre juridique, souvent obligées de s’enregistrer en tant qu’associations ou coopératives, ce qui ne reflète pas pleinement leur nature et crée des obstacles bureaucratiques inutiles.

Depuis 2008, des organisations telles que le Réseau italien des villages écologiques (RIVE) et la Coordination nationale des communautés pour la recherche éthique et spirituelle (CONACREIS) plaident en faveur d’un cadre juridique qui reconnaisse et soutienne les communautés intentionnelles. Après une première tentative en 2010, un nouveau projet de loi a été présenté au Parlement en 2020, avec le soutien également de RIES – le réseau italien de l’économie solidaire. La proposition vise à définir les communautés intentionnelles comme des groupes d’individus qui partagent non seulement des espaces et des ressources, mais aussi une vision collective de la vie, structurée par une gouvernance participative et un soutien mutuel.

Le projet de loi vise à établir un statut juridique clair pour ces communautés, leur permettant d’acquérir une personnalité juridique et de s’enregistrer dans une base de données nationale. Cela leur permettrait d’accéder aux financements publics et européens dans le cadre des réglementations du troisième secteur et de collaborer avec les gouvernements locaux pour revitaliser les zones rurales abandonnées, restaurer les propriétés publiques et contribuer à la conservation de l’environnement. Le modèle économique décrit dans le projet de loi garantit que les actifs communautaires restent la propriété de la collectivité et que les revenus sont réinvestis dans des projets communautaires plutôt que distribués sous forme de profit personnel. Dans le même temps, il reconnaît l’importance des droits sociaux au sein de ces communautés, en reconnaissant le devoir d’assistance mutuelle entre les membres, y compris le soutien dans les décisions relatives aux soins de santé et les questions d’héritage dans les cas où il n’y a pas d’héritiers directs. En outre, les communautés engagées dans des efforts de durabilité, tels que la réduction des déchets et l’agriculture autosuffisante, pourraient être officiellement reconnues comme des gardiens de l’environnement, ce qui renforcerait leur contribution à la société dans son ensemble.

Au-delà de ses implications juridiques et économiques, la proposition souligne le rôle des communautés intentionnelles en tant que laboratoires d’innovation sociale. En encourageant la vie en collaboration, les pratiques durables et la prise de décision inclusive, ces communautés remettent en question les modèles conventionnels de logement et d’organisation sociale, offrant des alternatives viables à l’isolement et à la surconsommation.

Le chemin vers l’approbation du projet de loi sur les communautés intentionnelles reste incertain (avec les élections parlementaires de l’année dernière, le processus doit être relancé), mais l’intérêt croissant pour les modèles de vie alternatifs suggère un changement dans la façon dont la société perçoit les modes de vie collectifs et durables. Si elle est adoptée, cette loi pourrait créer un précédent en reconnaissant et en soutenant les communautés qui placent les relations humaines et la responsabilité écologique au centre de leur vision, ouvrant ainsi la voie à un avenir plus inclusif, plus résilient et plus solidaire.