Article par Soana Tortora (Solidarius Italia), Francesca Forno (TiLT), Nino Lo Bello (FLCG Sicilia), Jason Nardi (RIES)
Quand on pense à un « cerveau collectif », l’imagination va souvent à des érudits (généralement des hommes) qui, enfermés pendant des périodes de temps variables dans une tour d’ivoire, exercent leur pensée pour construire des scénarios ou des analyses plus ou moins abstraits et crédibles de phénomènes quotidiens élaborés avec des outils et des langages suffisamment complexes pour être rendus difficiles par les mortels ordinaires.
Eh bien, la 21ème réunion de RIUESS (Réseau interuniversitaire de l’économie sociale solidaire) à Science Po à Bordeaux, du 1er au 4 juin 2022, était la manifestation d’un « cerveau collectif » dans lequel c’est la réalité qui stimule et alimente la pensée et l’élaboration complexes, et où la présence féminine de membres du corps professoral de toutes les universités de France a joué un rôle important dans l’entretien des relations avec les chercheurs-chercheuses et les doctorant.e.s ((également organisés en coopératives d’étudiant.e.s) qui peuplent ces universités et ces cours. De plus en plus de jeunes choisissent l’économie sociale solidaire comme un domaine de recherche et d’action également pour leur avenir professionnel qui soit cohérent et, en effet, contribue à assurer un avenir aussi pour la planète et ses habitants.
Le réseau RIUESS, construit sur près de 22 ans, questionne fortement les réalités de l’économie sociale solidaire italienne. Nos « bonnes pratiques » à elles seules ne deviendront jamais transformatrices si elles ne sont pas capables de générer des théories, des pensées, des stratégies qui les font devenir des politiques locales et nationales et des pratiques partagées par un nombre croissant de personnes et d’acteurs.
La petite « délégation » italienne du RIES (Réseau italien de l’économie solidaire) qui a participé à la réunion de Bordeaux a rassemblé, à sa manière, différents mondes (université, entrepreunariat ESS, réseau territorial, réseau national et européen) de toute l’Italie et c’est précisément à partir des échanges créés au cours des quatre jours de la réunion que la possibilité concrète de proposer également en Italie un processus conduisant à la création d’un réseau interuniversitaire pour l’économie sociale solidaire a émergé. C’est une possibilité concrète, étant donné les relations déjà nombreuses qui existent entre les professeur.e.s, les chercheurs§chercheuses, les doctorant.e.s et aussi entre les expériences de l’ESS et des universités.
Si nous voulons accélérer le calendrier et les conditions de la transition socio-écologique, il est nécessaire, précisément sur la base des expériences de Master interuniversitaire italien qui impliquent également des expériences d’ESS telles que « Connaissances en transition » de commencer à demander et à recueillir des disponibilités et des propositions. Dans l’espoir que, compte tenu de la situation d’urgence économique, sociale et environnementale dans laquelle nous nous trouvons, il ne faudra pas 20 ans pour voir des résultats et, peut-être, pour étendre la même expérience à d’autres pays d’Europe.