[Par Jason Nardi, Solidarius Italia – coordination de RIPESS Europe]

Sous la pluie battante, la ville de Bayonne (au Pays Basque français) n’en est pas moins belle et pleine de vie : le dimanche 7 octobre, le “Village des Alternatives” était partout dans la vieille ville, avec des centaines de personnes dans les rues et sur les places consacrées aux nombreuses pratiques “alternatives” existantes – dont la plupart sinon toutes relèvent de l’économie sociale solidaire – qui sont non seulement possibles mais qui sont de plus en plus utilisées par un public de plus en plus nombreux. Solutions collectives d’énergies renouvelables, mobilité partagée (le symbole d’Alternatiba est un tandem – et le tour à vélo qui a impliqué des milliers de personnes à travers la France, la Suisse et la Belgique a été un succès, il est arrivé à Bayonne le 6), production agroécologique alimentaire et distribution collaborative, la monnaie sociale Eusko (avec sa version papier et électronique) et la banque éthique, mais aussi le logement communautaire et coopératif, une forte présence éco-féministe (dans les rues et les débats) et une attention particulière à la crise migratoire, qu’entraîne l’actuelle économie dominante de ” croissance ” et le réchauffement climatique qu’elle engendre.

Ce dernier est le thème principal sous-jacent de ce Festival, lancé il y a 5 ans à Bayonne par le groupe de citoyens Bizi, plein de “gens normaux” et de jeunes, de familles, et bien sûr de militants – qui ont débattu ensemble avec un riche programme (ainsi que des événements culturels et artistiques). Si l’urgence d’un changement radical et systémique a été clairement perçue par tous les participant.es, l’atmosphère conviviale et festive a donné beaucoup d’espoir et d’énergie renouvelée. Sauver la planète n’est plus une option – le moment est venu de s’engager : “changer le système, pas le climat”.

Extrait de l’article Climat : 15 000 personnes à Bayonne pour la sortie du rapport 1,5 °C du GIEC

Plus de 15 000 personnes ont rejoint Bayonne ce week-end pour une importante mobilisation sur le climat. Les deux jours marqués par l’arrivée du Tour Alternatiba, un gigantesque village des alternatives, des conférences et une ambiance d’émulation populaire se sont conclus par un manifeste à engager dès à présent la métamorphose immédiate des territoires. Parmi elles, près de 200 personnalités, scientifiques, responsables politiques et associatifs, artistes, anciens ministres. En duplex depuis la Corée du Sud, Valérie Masson-Delmotte, membre du comité scientifique du GIEC, a donné au public rassemblé à Bayonne la primeur de l’adoption du rapport 1,5 °C et encouragé la poursuite des actions citoyennes comme le Tour Alternatiba.

A la veille de la sortie du rapport 1,5 °C du GIEC, Bayonne a permis de délivrer un message fort. Le manifeste final, lu par Gaby, jeune lycéenne de Poitiers et Moriba, jeune guinéen sauvé de la noyade par un bateau de secours maritime en traversant la Méditerranée, seize ans tous les deux, a lancé un vibrant appel à la métamorphose immédiate de nos territoires.

Avec près de 50 conférences (auxquelles ont participé 6263 personnes) sur des enjeux aussi fondamentaux que le bilan climat et transition énergétique du gouvernement actuel, les freins à la transition, la relocalisation de l’économie, le financement de la transition, les transports, les énergies renouvelables, la solidarité et la justice climat, ce week-end a également constitué un apport aux réflexions en cours. Des alternatives concrètes comme le fournisseur d’électricité 100 % renouvelable Enercoop ou l’eusko, déjà première monnaie locale d’Europe en volume de monnaie en circulation, qui a franchi ce même week-end le cap de 1 million d’euskos, ont démontré la possibilité qu’ont les alternatives à changer d’échelle.

Cette effervescence citoyenne à Bayonne reflète ce qui a été constaté sur les 4 mois du passage du Tour Alternatiba où au total plus de 77 000 personnes ont montré leur détermination à agir pour changer concrètement les choses. Sous des airs de grande fête populaire, Alternatiba 2018 a une fois de plus confirmé que l’enjeu crucial de la lutte contre le dérèglement climatique est non seulement un défi vital que des dizaines de milliers de citoyen.nes sont prêts à relever, mais également le socle pour des sociétés plus soutenables et désirables.

Texte du Manifeste ici.

Vidéos et photos ici.