Par Josette Combes, RIPESS Europe

A Glasgow (Ecosse), les 191 pays ayant ratifié l’accord de Paris sont réunis lors de la COP26 Conférence, du 31 octobre au 12 novembre, pour faire connaître la façon dont ils comptent mettre en œuvre les mesures annoncées et jusqu’à ce jour restées lettre morte. Rappelons que le sigle COP signifie « Conférence des parties » – les parties désignant les pays ayant adopté la Convention-cadre des Nations unies contre le changement climatique, lors du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro, en 1992. On peut retrouver sur le site des Nations Unies le programme de cette 26 ème édition dont on n’ose espérer de grands résultats. En effet il semble encore plus difficile de trouver des accords parce que la situation internationale a évolué vers un durcissement de la lutte pour la suprématie économique qui se fait aux dépens de la planète. La course aux fossiles n’a pas cédé en dépit des alternatives des renouvelables, l’agriculture industrielle continue à saccager les forêts pour créer des cultures d’exportation au détriment des vivrières, le sixième continent ne décline pas puisque l’utilisation du plastique régresse peu, à la marge, l’emballage ne servant pas seulement à mettre les aliments à l’abri mais avant tout à supporter la publicité, tirer l’œil du consommateur.

Ces constats, tous ceux qui sont impliqués dans des projets d’économie solidaire en sont conscients, la vigilance écologique formant un des piliers de la nouvelle économie et mobilisant de plus en plus les jeunes dans des initiatives dont la préservation des ressources est un des mobiles.

La pandémie a été un accélérateur voire un déclencheur de ces actions climat. Ainsi en Hongrie le groupe d’action solidaire a mené une enquête pour rechercher des solutions collaboratives dans les divers domaines économiques et publie le 3 novembre un numéro spécial sur la souveraineté alimentaire.

Le REAS Euskadi s’est présenté devant la Commission du développement économique et de l’innovation du Parlement basque pour apporter des contributions au projet de loi sur le développement rural basque. « Le modèle actuel de production alimentaire n’est pas durable. Il génère de graves impacts sur les écosystèmes, sur les communautés, la dégradation des sols et est l’un des principaux responsables de l’émission de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et donc du changement climatique. En outre, son énorme dépendance à l’égard des combustibles fossiles met en péril la sécurité alimentaire de nos sociétés, comme en témoigne la fermeture d’usines de production d’engrais chimiques. » (extrait)

Du 12 au 14 novembre aura lieu la rencontre des communautés alimentaires d’Europe centrale et orientale. Cet événement s’insère dans un cadre de soutien à l’agroécologie, à la souveraineté alimentaire ainsi qu’une partie de la transition vers une société et une communauté résilientes.

L’importance de la qualité de l’alimentation n’est plus à démontrer, mais l’ESS s’intéresse à tous les domaines d’activité, ainsi l’habitat et les villes propres ou encore le transport maritime écologique, un projet pilote mené par DOCKS .

Il ne faut pas oublier que ceux qui subissent le plus les dégâts liés au changement climatique, au pillage des ressources naturelles sont les pays du Sud. De fait « si les effets de la crise climatique se font surtout sentir dans le Sud, la situation des personnes concernées n’est guère prise en compte dans les décisions politiques » et « la plupart des décisions sont prises dans le Nord » La crise climatique serait donc raciste. Le RIPESS Europe en est conscient, il est relié aux pays du Sud au sein du RIPESS Intercontinental où ces questions sont cruciales et sont au cœur des plaidoyers. Voir ici .

Il serait temps que les responsables politiques deviennent des acteurs efficients de la transition climatique, énergétique, économique, toutes choses étant liés dans une interdépendance incontournable. Ajoutons la transition démocratique : les opinions publiques sont de plus en plus conscientes de l’urgence mais sont hélas peu consultées dans ces grands raouts que sont les COP et autres sommets, pas plus d’ailleurs que dans les décisions nationales en dépit des discours qui font florès au moment des échéances électorales puis s’évanouissent dans l’oubli comme pluie dans le désert.

Les conclusions de la COP 26 seront connues à la mi novembre. En attendant, l’économie solidaire poursuit son chemin opiniâtre, dans le souci de préserver ce qui peut l’être et d’inventer. Inventer une nouvelle voie pour transiter d’un modèle de société absurde, obsolète et délétère vers une organisation sociale économique et politique cohérente avec les enjeux de préservation de notre biotope, la terre et des êtres qui y naissent et y vivent .